"La décision de la Cour suprême fragilisera le droit à l'avortement dans le monde entier"

Publié le Jeudi 05 Mai 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Dans un communiqué alarmant, Amnesty International s'inquiète de l'actualité américaine, alors qu'un projet de texte de la Cour suprême prévoit de supprimer l'arrêt "Roe v. Wade" ganrantissant le droit à l'avortement aux Etats-Unis.
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Ce 2 mai, le site d'investigation Politico a révélé un avant-projet explosif de la Cour suprême : annuler l'arrêt Roe v. Wade, loi historique qui garantit jusqu'à aujourd'hui le droit à l'avortement aux Etats-Unis. Une menace majeure pour les droits des femmes dans le pays donc. Et qui a rapidement suscité l'indignation des militantes féministes dans le monde entier, tout comme celle de responsables politiques comme la sénatrice Elizabeth Warren.

C'est aujourd'hui Amnesty International qui a décidé de tirer la sonnette d'alarme. L'espace d'un texte, la secrétaire générale de l'ONG, Agnès Callamard, a affirmé que l'annulation de cet arrêt "serait l'aboutissement de décennies de campagne de haine contre les droits des femmes, et un mépris total des nombreux éléments qui attestent des implications potentiellement mortelles de la criminalisation de l'avortement".

Agnès Callamard rappelle notamment le taux décès résultant du recours à l'avortement quand il est pratiqué dans "des conditions dangereuses", ce que l'illégalité engendre toujours. La secrétaire générale l'assure : "Une telle décision constituerait une violation du droit à la vie et de l'interdiction de la torture".

"Cela nuirait à la réputation des Etats-Unis dans le monde"

"Nous appelons ardemment les autorités américaines à protéger le droit à un avortement sûr et légal. Si elles ne le font pas, elles manqueront à leur devoir de défendre les droits fondamentaux, notamment à la vie, à la santé, à disposer de son corps, à la vie privée et à la dignité. Toute régression en matière de protection du droit à l'avortement ne ferait pas que nuire à la perception des États-Unis dans le monde", poursuit ce texte.

La secrétaire générale d'Amnesty International voit également en cette menace une décision "qui serait aussi profondément raciste et classiste", dans la mesure où les femmes de couleur et les femmes pauvres "seraient touchées de manière disproportionnée par toute décision visant à supprimer l'avortement sûr et égal".

Un danger démocratique global donc. Et le texte de conclure : "ce serait enfin un très mauvais exemple dont d'autres gouvernements et groupes opposés à la promotion de ce droit pourraient s'inspirer autour du globe dans le but de priver les femmes, les jeunes filles et les personnes susceptibles d'être enceintes de leurs droits".