Valorisée par des stars et soutiens du mouvement #MeToo comme Alyssa Milano et Bette Midler, la grève du sexe est un grand classique des luttes féministes.
Et aujourd'hui, c'est Anna Mouglalis qui le revendique lors d'un entretien très relayé !
Arrêter de coucher avec des hommes, pour dénoncer le patriarcat.
Dans les commentaires de la séquence à retrouver ci-bas, l'initiative choque. Anna Mouglalis, comédienne-star de l'adaptation théâtrale de La chair est triste hélas, essai féministe et best seller d'Ovidie, y explique calmement au micro de France Inter les raisons de cette démarche. Dans un monde capitaliste et hétéro-patriarcal où tout se retrouve marchandisé. Surtout le corps des femmes, ne serait-ce que métaphoriquement, au sein du couple.
Lasse : les internautes y voient ni simplement de la ... Misandrie. Cette haine des hommes.
Ils y vont carrément de leur body shaming, commentant le physique et la voix de l'actrice, afin de mieux noyer le poisson.
Or, la grève du sexe a toujours existé... On vous suggère un léger flash back ?
Anna Mouglalis est consciente que la grève du sexe fait réagir les hommes.
Qui forcément se sentent concernés par la chose et ses mots, à retrouver ci-bas, d'un calme olympien néanmoins. Or, la grève du sexe, cela n'est guère récent !
"Dans Lysistrata, la comédie grecque d'Aristophane, la grève du sexe est mentionnée par l'auteur antique. Dans 'Lysistrata', les femmes se regroupent effectivement à l'acropole, lieu symbolique du pouvoir dans l'Antiquité, pour faire cesser la guerre entre Athènes et Sparte. Exclues de la vie politique, elles souhaitent aussi décider des affaires de la cité à l'égal des hommes, et vont faire la grève en ce sens", nous avait expliqué la philosophe de la pensée féministe et directrice de recherche au CNRS Geneviève Fraisse.
"On observe là l'affirmation d'un groupe qui revendique quelque chose : les citoyennes expriment déjà ce désir de ne pas être gouvernées par des hommes sans avoir leur mot à dire. C'est une démarche politique qui fait écho à des slogans bien connus type : 'Faites l'amour, pas la guerre'. Les femmes disent en somme : on ne fera pas l'amour tant que vous ferez la guerre"
La grève du sexe, une tradition intensément politique, et millénaire, vise à dénoncer les maux de la société des hommes !
"Se référant à l'économiste Thomas Malthus, qui voulait réduire la population au cas où la terre ne pourrait plus nourrir tout le monde, ces anarchistes se posaient la question : pourquoi faire des enfants si c'est pour les envoyer à la guerre ? Ou les envoyer à l'usine si c'est pour en faire de la chair à canon ? De là est née une mobilisation, la Grève des ventres". Le concept ne date pas d'hier...".
Au fil des siècles, le concept ne se démode pas. Loin de là !
On avait écrit cela d'ailleurs sur Terrafemina :
"Stopper tout coït hétéro dans la vie de tous les jours, tout désir de séduire les hommes, tout acte sexuel en compagnie de ces messieurs. Une expérience sur laquelle elle est beaucoup revenue et qui cristallise énormément de formes de militances féministes : la grève du sexe, une longue tradition politique, le rapport au regard masculin, les enjeux de séduction, l'acte sexuel ou "capital sexuel" comme composante de la condition féminine, le "marché de la séduction", etc
Ovidie à l'unisson, afin d'illustrer la réflexion de la Chair est triste, nous avait expliqué : "Ce n'est pas juste arrêter le coït. C'est tout ce que cela implique d'être une femme. C'est arrêter de vivre ce moment où ça fait mal mais que l'on ose pas demander l'interruption du rapport sexuel, l'idée qu'on ait intériorisé la douleur en tant que femme, c'est comme lorsque l'on s'épile le pubis... On croit qu'on fait tout ça pour soi mais on le fait pour l'autre, pour séduire".
Dans une tribune publiée sur le site de l'Obs, elle expliquait en outre quelques années avant cette prise de parole, très controversée : "Le sexe est au coeur de transactions économico-affectives, c'est un fait, ça s'appelle le patriarcat et ça n'a malheureusement toujours pas été aboli. Dans un monde parfaitement égalitaire, les femmes pourront avoir des rapports sexuels pour elles-mêmes. Dans ce monde égalitaire, il n'existera plus de dissymétrie de plaisir, et les hommes hétérosexuels se sentiront concernés par les droits reproductifs sans que nous ayons besoin de faire ceinture".
"Les commentaires montrent tellement à quel point elle balance un pavé dans la mare en disant ça. Il y en a que ça blesse visiblement si fort d’envisager que plaire aux hommes n’est pas la finalité absolue pour une femme", a analysé à l'unisson Pénélope Bagieu, l'autrice de bandes dessinées féministes. Elle n'a pas tort.
