Paul Mescal vs Josh O Connor.
Deux immenses sex symbol se réunissent à l'écran dans History of Sound, qui a remué la Croisette cannoise la semaine dernière. Une oeuvre qui a le mérite en tout cas de bousculer les férus de glam', avec son casting admirable, faisant écho à celui, très sensuel là encore, de l'imminent Materialists (triangle amoureux où Dakota Johnson côtoie Pedro Pascal et Chris Evans).
History of Sound fait déjà beaucoup réagir, de son côté. Et suscite de longs et controversés débats. La raison ? Elle est limpide : Paul Mescal y incarne un héros homosexuel, comme dans Sans jamais nous connaître, romance queer de 2024. Une manière pour l'acteur de défendre la cause de la communauté LGBT dans une ère encore marquée par les violences homophobes...
Cependant, outre-atlantique, des voix s'élèvent pour protester...
Sur les réseaux sociaux et dans les médias renommés, le débat fait rage.
Et il amène son lot de contradictions enflammées. "Alors que Josh O’Connor et Paul Mescal jouent des amants homosexuels dans History of Sound, voici pourquoi nous devrions protéger les rôles homosexuels pour les acteurs homosexuels", tacle directement GLAMOUR UK l'espace d'une tribune acerbe et tranchante sur le sujet.
Une réflexion que l'on doit à un journaliste homosexuel connu pour ses réflexions sur les représentations de la communauté LGBTQ au cinéma. Et qui invoque un sujet qui ne cesse de revenir dans les colonnes des médias.
Laisser les rôles aux concernés, c'est une marotte des discussions sur les individus marginalisés - racisés, queer... Et cela n'est guère étonnant en vérité. Car suite à des décennies entières où les figures de fiction ouvertement homosexuelles ont été incarnées par des acteurs hétérosexuels, il est grand temps semble-t-il, en 2025, de bousculer les lignes.
Et d'accorder davantage de visibilité aux comédiens gays. Cependant, la chose clive énormément. Déjà car nombre d'artistes n'ont jamais leur coming out, un choix qui est toujours une épreuve "quitte ou double" dans l'industrie hollywoodienne, et le monde du cinéma en général. Ce qui rend difficile ce souci d'inclusivité. Ensuite car beaucoup voient là un contre sens au concept du comédien : celui qui a le talent suffisant pour tout incarner, qu'importe son orientation sexuelle véritable.
Une réflexion qui tend à éluder d'autres enjeux, tel que la dimension intime certes mais aussi politique de l'homosexualité, du fait de se revendiquer ainsi, et en retour, de l'importance d'incarner des figures de fiction en cohésion avec les luttes que l'on tend à défendre au quotidien.
Cependant, GLAMOUR UK étaye d'autres aspects du débat : "Derrière ce choix, celui de ces deux acteurs hétérosexuels que sont Paul Mescal et Josh O Connor – qui ne s'identifient pas publiquement comme membres de la communauté LGBTQIA+ – c'est un autre problème qui s'énonce concrètement : négliger la communauté queer lors de l'attribution de rôles queer".
"Mais est-ce mal ou inapproprié ? C'est une question à laquelle je me pose constamment lorsque je vois des acteurs hétérosexuels jouer des rôles queer et d'autres acteurs queer se retrouver sur la touche, sans emploi. Il est indéniable que les rôles pour les acteurs ouvertement LGBTQIA+ sont limités, et si les acteurs queer ne sont pas choisis pour des rôles queer (alors qu'il existe d'innombrables acteurs queer talentueux et prometteurs), où trouveront-ils leurs opportunités ?", s'interroge encore le journaliste de GLAMOUR en adressant ouvertement ses doutes.
De quoi susciter l'introspection de Paul Mescal, qui revendique toujours son soutien envers la communauté LGBTQ.
L'envers du décor, quand il est question des fictions hollywoodiennes, c'est cette contradiction étrange entre le rejet, volontaire ou non, des interprètes gay... Et le queer baiting : ces sous entendus constants sur l'orientation sexuelle d'un héros de série ou de cinéma, signes et suggestions dont l'effet est de fédérer la communauté LGBT, toute une audience...
Sans jamais assumer la réelle dimension queer d'une histoire. Afin de "conserver" les homophobes sur les sièges ?
"Ce n'est un secret pour personne que les dirigeants du cinéma et de la télévision appréhendent de choisir des acteurs queer pour des rôles hétérosexuels. Alors comment sont-ils censés percer ou incarner des personnages qui parlent à leur communauté et à leur vécu ?", abonde cette tribune qui voit en History of Sound un cas emblématique de tous ces enjeux qui ne datent guère d'hier.
Sous ces questions, des résolutions concrètes : faire en sorte que l'industrie culturelle soit réellement diversifiée, soit le reflet d'une société où les voix LGBTQ existent. Et surtout, double effet kiss cool, que les figures de fiction queer soient le plus authentiques, crédibles. D'où la qualité de l'expérience intime afin de garantir cette véracité.
Rares restent cependant les créations, de télévision et de cinéma, à donner le la à ce critère. GLAMOUR de surenchérir en citant surtout un exemple : "Sachez que chaque personnage queer de la série It's A Sin sur Channel 4 a été interprété par un acteur issu de la communauté LGBTQIA+. Ce fut un énorme succès, battant des records de streaming, ce qui suggère qu'engager des acteurs queer ne représente plus un risque commercial".
"Ou – comme on pourrait le penser naïvement – la série prouve que les gens s'intéressent aux histoires de notre communauté et souhaitent voir des acteurs issus de notre communauté briller. Alors pourquoi n'est-ce pas une norme dans l'industrie ? Il n'est pas étonnant que le créateur de la série, Russell T. Davies, ait déclaré que les acteurs hétérosexuels ne devraient pas jouer de personnages gays et qu'il choisira désormais ses castings en conséquence !".
Il y a encore beaucoup à faire...
