





Culte de la maigreur, dictature du skinny, body positive, capitalisme...
Laetitia Casta est plus lucide et engagée que jamais dans les pages glacées de Madame Figaro. Où elle pose par ailleurs, rayonnante, à 46 ans, en maillot, plus épanouie que jamais et libre - un mot qui compte énormément à ses yeux. Sensuelle et lumineuse, oui, et entre deux tirades particulièrement acerbes. Et féministes !
Surtout lorsqu'elle passe au grill la skinny fashion, autrement dit le retour en tendance foudroyant des corps maigres, voire de l'hyper maigreur. Boosté par l'usage jamais tout à fait avoué de l'Ozempic, ce médicament destiné aux personnes diabétiques et largement réappropriée par les mannequins et les stars pour ses vertus amaigrissantes. La demi-sœur de Kate Moss, Lottie Moss, a confié au micro de son podcast, “Dream On”, avoir fini à l’hôpital après avoir pris de l’Ozempic pendant deux semaines.
Suite à des années de revendication "body positive", à savoir d'ode à la diversité des corps, et à l'inclusion des "tailles larges" dans le monde de la mode, on observe un "retour de bâton" violemment rétrograde dans la sphère du strass aujourd'hui. "Les opportunités pour les mannequins grandes tailles dans la mode disparaissent à un rythme alarmant : pendant la saison printemps/été 2020, 86 mannequins grandes tailles ont défilé dans les quatre grandes villes ; au printemps/été 2025, ce chiffre était tombé à 0,8 %", observe le magazine refinery29.
Le come back de la maigreur, une hallucinante régression sociale ?
Laetitia Casta s'en attriste, et dénonce : "Oui, cela fait un moment que j’en parle. Cette représentation du féminin est terrifiante. Le body positivisme n’est qu’un beau discours. Quelle hypocrisie monumentale !"
Plus encore, elle redouble de virulence...
Laetitia Casta constate à l'unisson le culte de la maigreur plus évident que jamais dans la mode.
Et tacle : "...Je vois bien parfois quand j’essaye de passer des vêtements que certains s’apparentent à des tailles 12 ans… même ma fille ne rentrerait pas dedans… Mais qu’est-ce qu’on leur raconte aux femmes ?", détaille encore la comédienne et mannequin féministe.
"La raison de tout cela ?... Le capitalisme ! Il faut produire, toujours et encore plus, et que tout soit efficace, tout de suite, vite… Résultat : on ne prend même plus le temps de sourire, d’avoir une personnalité, de s’amuser…", dénonce encore la superstar qui ne connaît que trop ce milieu et ses énormes contradictions.
"Le problème est que les jeunes mannequins d’aujourd’hui connaissent des carrières plus éphémères qu’avant, elles ne peuvent pas vraiment parler si elles veulent travailler. Moi, je répète à mes propres filles : prenez le temps de grandir, d’évoluer, le corps change, bouge, mais un corps, on ne peut pas le formater tel qu’on le voit sur les images de papier glacé ou des écrans".
Enjeu intime, politique, au delà du glamour, qui aveugle certains et autorise l'univers de la mode à masquer ses contradictions.
"Quelle hypocrisie effectivement que cella de la mode actuellement : d’établir des chartes sur les conditions de travail et de bien-être, de demander aux mannequins de passer chez le médecin si par la suite il n’y a aucun suivi.", fustige enfin avec une concision redoutable la grande Laetitia Casta, qui assume plus que jamais ses convictions féministes. Quitte à cliver.
S'autorisant une saine introspection, elle interroge enfin ce que ces diktats imposés aux femmes engendre au niveau des stéréotypes de genre.
Et s'allonge sur le divan : "La féminité n’a jamais été un problème en ce qui me concerne"
"En fait, j’ai toujours veillé à ne pas me laisser enfermer dans l’image qu’on voulait projeter sur moi. Se défaire du regard des autres est primordial. L’important, c’est comment vous, vous vous assumez avec vos parts d’ombre et de lumière. Quand on s’accepte – surtout dans une société qui renvoie une image de ce que doit être la perfection –, on atteint un certain apaisement. On s’accorde plus de liberté, cela ouvre des horizons qu’on ne se serait peut-être pas autorisés".
Le come back de la maigreur, on l'a largement évoqué sur Terrafemina.
Invitée dans le format "Derush" d'Elise Lucet sur Youtube le 21 mai, Lena Mahfouf a récemment taclé à l'unisson : "Je pensais que ma génération avait réussi à vaincre quelque chose dans la mode, ça avait été avec tout ce mouvement du body-positivisme, et vraiment on avait une pluralité de corps féminins sur un défilé. Et quand je dis "mouvement" ça a vraiment été un mouvement parce qu'il est parti aussi vite qu'il est arrivé alors que je pensais que ça y est c'était ancré. Cependant, 1 % des mannequins sont 'grande taille' aujourd'hui"