Viol, emprise... Le YouTubeur Léo Grasset (DirtyBiology) accusé par plusieurs femmes

Publié le Jeudi 23 Juin 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Une enquête de Mediapart relaie des accusations de viol, d'emprise et d'attitudes toxiques à l'encontre du YouTubeur Léo Grasset, plus connu sous le nom de Dirty Biology, auteur d'une chaîne de vulgarisation scientifique. Plusieurs femmes et vidéastes ont témoigné.
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Une enquête détaillée de Mediapart relaie des accusations de viol, d'emprise et d'attitudes toxiques à l'encontre du YouTubeur Léo Grasset, créateur de la chaîne de vulgarisation scientifique Dirty Biology, très populaire sur la plateforme. Pas moins de huit témoignages ont été recueillis par le site d'investigation. Journalistes et vidéastes ont également témoigné.

On y retrouve par exemple le témoignage de Lisa, vidéaste qui avait 18 ans au moment des faits. La jeune femme accuse Léo Grasset, avec qui elle a entretenu une relation, de viol. Elle relate également une situation "d'emprise".

Les faits présumés se seraient déroulés en juillet 2016, vers 1h30 du matin : "Je lui ai dit plusieurs fois que je n'avais pas envie [de faire l'amour]. Il m'a maintenue avec ses mains autour de mon cou et m'a pénétrée avec des coups très forts. J'ai eu excessivement peur. J'ai voulu crier et il n'y avait aucun son qui sortait de ma bouche", relate-t-elle auprès du site d'investigation.

"J'étais en état de choc. J'avais vraiment une espèce de dissonance cognitive maximum où je me disais 'c'est la personne que j'aime et il vient de se passer ça'. Le lendemain j'ai dû me laver en tout une vingtaine de fois d'affilée", poursuit Lisa, qui évoque par la suite des "crises d'angoisse".

L'enquête de Mediapart relaie d'autres voix, de proches de Lisa et de vidéastes, affirmant que la réputation de Lisa aurait été largement ternie par Léo Grasset. Au sein de la scène du YouTube français, le créateur de Dirty Biology l'aurait présentée "comme une psychobitch ou une mytho" afin de la décrédibiliser.

En 2019, Léo Grasset lui aurait écrit un message d'excuses, avant de la revoir : "Je veux profiter de ce message pour m'excuser. [...] J'ai pas été correct avec toi quand on s'est revus en 2016. [...] Bon c'était une période particulièrement bordélique de ma vie, et ça va mieux maintenant, mais ça n'excuse rien".

De nombreux témoignages

D'autres témoignages et situations sont rapportées par le site d'investigation. Comme celui de la vidéaste Marine Périn, de la chaîne YouTube Marinette, qui aurait rencontré Léo Grasset en 2018. Durant un rapport sexuel consenti, elle lui aurait demandé "d'arrêter pour retirer sa coupe menstruelle", et le YouTubeur aurait refusé. Pour le vulgarisateur Romain Monté de la chaîne Linguisticae, "Léo Grasset a beaucoup de mal avec la notion de consentement. Par exemple, crier le mot 'arrête' ne l'empêche pas du tout de continuer".

"Le consentement dans le cul, pour la plupart des gens, c'est un jeu. Enfin tu joues à le perdre, ton consentement", aurait d'ailleurs écrit l'instigateur de Dirty Biology à Marine Périn par messagerie privée. Des situations d'emprise sont également évoquées dans cette enquête détaillée, à travers plusieurs formes - "chauds froids incessants, rendez-vous espérés finalement annulés, injonctions contradictoires".

"Il m'a mise dans une insécurité émotionnelle énorme, m'a kidnappée émotionnellement", témoigne en ce sens la vidéaste Manon Bril de la chaîne YouTube C'est une autre histoire, qui dénonce une situation d'emprise de plusieurs années, ayant engendré une dépression, et la consommation d'anxiolytiques et d'antidépresseurs.

"Nous ne souhaitons pas répondre aux sollicitations de presse, Monsieur Grasset se tenant à disposition de l'autorité judiciaire dans l'hypothèse où celle-ci était saisie de ces allégations", ont de leur côté indiqué les avocat·es de Léo Grasset à Mediapart par courriel suite à ces accusations.