Les Akas, cette tribu où les hommes donnent le sein aux bébés

Publié le Vendredi 20 Octobre 2017
Léa Drouelle
Par Léa Drouelle Journaliste
Voici un modèle dont nos sociétés occidentales gagneraient à s'inspirer : les Akas. Dans cette tribu d'Afrique centrale, les pères sont très impliqués dans la garde des enfants. Ils vont même jusqu'à donner leur "sein" au bébé quand la maman n'est pas là.
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Dans nos sociétés occidentales, le père tiraillé entre ses obligations professionnelles et familiales peine encore à prendre sa place dans dans la gestion du foyer et des enfants. Pourtant, l'influence du rôle du père sur le développement de l'enfant n'en demeure pas moins importante. Certaines tribus d'Afrique l'ont bien compris. C'est notamment le cas des Akas, tribu peuplant les forêts frontalières du Congo-Brazzaville et de la République centre-africaine. Ces chasseurs nomades qui accordent une importance primordiale à la place de l'enfant au sein de la famille détiennent d'ailleurs le titre de "meilleurs papas du monde", décerné en 2005 parThe Guardian.

Selon des données collectées il y a plus de trente ans, les pères Akas consacrent plus de 47% de leur temps à s'occuper de leurs enfants - soit plus que les pères de n'importe quel autre groupe culturel de la planète, indiquait le Guardian. Chez les Akas, l'enfant dort souvent dans la chambre parentale (par choix et non par nécessité) au cours de la première année qui suit la naissance. Et quand bébé pleure pendant la nuit, c'est plus souvent les papas qui se lèvent pour les calmer et les rendormir. Même scénario la journée, quand maman part à la chasse. Mais comment font-ils pour apaiser leur tout-petit lorsqu'il a faim ? Les papas Akas ont trouvé une astuce toute bête. Ils se sont simplement rendus compte que, eux aussi, avaient des mamelons. Certes moins gros et pas aussi nourrissants que ceux de la maman. Mais cette méthode aurait, selon les papas Akas, pour effet de soulager bébé qui va mâchouiller le téton de son père et trouver ainsi chaleur et réconfort en attendant de recevoir sa pitance.

Les hommes capables d'allaiter ?

Chez les Akas, certains pères vont même jusqu'à allaiter (pour de vrai cette fois) leur enfant. Comment est-ce possible ? En pratique, ce phénomène n'a rien d'aberrant puisque d'un point de vue purement physiologique, l'homme est, au même titre que la femme, doté d'un dispositif nourricier : des tétines, des glandes mammaires et une hypophyse. La production de lait étant déclenchée par une hormone appelée la prolactine, les hommes seraient donc en théorie capables de produire du lait. Comme le rapporte un article de Libération, le célèbre naturaliste anglais Charles Darwin s'était d'ailleurs intéressé de très près à cette question dans son ouvrage "The Descent of Organe".

Mais le mâle secrète également une quantité importante de dopamine, une hormone dite "de plaisir" qui stoppe la production de prolactine, ce qui explique pourquoi on ne voit jamais de lait sortir des tétons masculins. Chez les papas Akas, certains parviennent cependant à déclencher le processus eux-mêmes. Un phénomène qui reste toutefois très rare, comme le Dr Suzanne Gilberg-Lenz l'a expliqué au site ConsoGlobe : "il est en effet possible que sous l'effet d'un choc, un homme se mette spontanément à produire du lait, mais c'est rare, très très très rare. Nous avons tous, de façon instinctive, la capacité de produire du lait pour sauver la vie de bébés".

"Je leur ai offert ma poitrine et je me suis aperçu que je pouvais les nourrir"

Très rare, certes. Mais probable quand même. Dans la littérature, deux célèbres histoires ont fait le tour du monde. La première, dévoilée par l'Agence France Presse dans les années 2000, raconte celle du Sri Lankais B. Wijeratne, qui, en 2002, perd sa femme alors que celle-ci vient d'accoucher. Pour nourrir son nouveau-né ainsi que sa petite fille âgée de 18 mois, l'homme essaie le lait de vache. En vain. "Alors, incapable de supporter leurs cris, je leur ai offert ma poitrine et je me suis aperçu que je pouvais les nourrir", raconte B. Wijeratne.


Deux siècles plus tôt, l'explorateur écossais David Livingstone, avait assisté à une scène très similaire, dont il faisait mention dans ses mémoires, rapporte Libération. Vers 1858, en Écosse, un homme s'est retrouvé veuf avec la charge de son petit garçon, qui mourait de faim. Dans un geste de désespoir, l'homme a porté son fils à son torse et a constaté avec stupeur que sa poitrine produisait du lait.