Un "coach en séduction" a tué son ex à coups de couteau : oui, le masculinisme tue

Publié le Mardi 07 Février 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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La condamnation à la réclusion à perpétuité du youtubeur autoproclamé "virtuose de la séduction" Mickaël Philétas, pour l'assassinat de son ex-compagne Mélanie G. et une double tentative de meurtre, nous rappelle que le masculinisme tue. Glaçant.
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Le youtubeur Mickaël Philétas, 41 ans, a été condamné à la réclusion à perpétuité avec peine de sûreté de 18 ans par la cour d'assises des Yvelines le 25 janvier dernier. Le quadragénaire a été condamné pour l'assassinat de son ex-compagne Mélanie G., 34 ans. Mais également, pour double tentative de meurtre envers le nouveau compagnon de la victime et sa petite soeur, âgée de 20 ans, ainsi que d'atteinte sexuelle sous la menace d'une arme à l'encontre de cette dernière.

Ce procès a créé l'émoi notamment par l'horreur des actes : la victime a reçu près de 80 coups de couteau. Mais également par le profil du coupable : un YouTubeur et professeur de zumba autoproclamé "expert en séduction" et en "masculinité", s'adressant sur la plateforme de vidéos à une audience masculine.

Mickaël Philétas est considéré comme un adepte du masculinisme, cette idéologie et mouvement misogyne qui prône la haine des femmes, désignées comme des individus manipulateurs et inférieurs. Un mouvement auxquels sont notamment associés les Incels, célibataires "involontaires" déversant leur haine des femmes, selon eux responsables de leur frustration sexuelle car elles n'ont pas voulu d'eux.

Le YouTubeur se désignait comme un "virtuose de la séduction". Au gré de ses vidéos, il expliquait aux hommes comment mener à la baguette leurs conquêtes féminines, considérées comme des proies.

Ce procès est une nouvelle preuve que le masculinisme tue.

Une misogynie meurtrière

Mickaël Philétas avait assassiné son ex à coups de couteau au domicile de cette dernière la nuit, en janvier 2020, en étant "obsédé par l'idée de savoir si elle fréquentait un autre homme", comme le souligne 20 Minutes.

La cour d'assises des Yvelines a insisté sur le "rapport aux femmes inquiétant" entretenu par le vidéaste et "coach", et sa relation entretenue avec "une idéologie masculiniste", le mouvement américain MGTOW ("Men going their own way", qui rassemble "des hommes jugeant néfastes toute relation avec les femmes", comme le détaille Franceinfo. Dans ses vidéos, Philétas assurait notamment que les femmes "castraient" les hommes.

"Il est clair que Mickaël Philétas ne tolère pas qu'une femme lui tienne tête", a affirmé en ce sens l'avocate générale dans son réquisitoire. Et cette idéologie est assassine : le "masculinisme" a notamment inspiré des auteurs d'attentats comme Elliot Rodger, qui a tué sept personnes et blessé 14 autres en 2014 et Alek Minassian, qui a fait 10 morts et 16 blessés dans une attaque à la voiture bélier à Toronto en 2018.

"Le masculinisme prône le rétablissement d'une société imaginaire qui reposerait sur une dominance totale des valeurs masculines. La masculinité y est considérée comme constamment menacée", explique auprès de TV5 Monde la chercheuse au CNRS Mélanie Gourarier, qui lie les masculinistes, dont font partie les coachs en séduction, à "une société dont les valeurs se masculinisent de plus en plus à travers d'autres pendants politiques : le populisme, la montée des extrêmes droites, une politique raciste, sexiste, homophobe".

Mickaël Philétas a fait appel de sa condamnation. "Je déplore cet appel qui ne manquera pas d'infliger à une famille digne et courageuse une nouvelle épreuve difficile", a déclaré à l'AFP l'avocat des parents et des soeurs de Mélanie G., Me Frédéric Rousses.