Non, le masque n'a pas à être imposé aux femmes qui accouchent

Publié le Jeudi 12 Novembre 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Non, le masque n'a pas à être imposé aux femmes qui accouchent
Non, le masque n'a pas à être imposé aux femmes qui accouchent
Alors que les témoignages de femmes forcées de porter le masque pendant l'accouchement pleuvent, certaines qualifiant cette obligation de violence obstétricale, le gouvernement prend la parole : s'il est "souhaitable", le dispositif ne peut "être rendu obligatoire".
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"J'ai accouché avec un masque : 3 malaises à la poussée, impossible de bien respirer, obligée de m'arrêter de pousser en plein effort tellement je voyais des étoiles. La sage-femme a fini par me le faire enlever et c'était beaucoup plus efficace !" ; "J'ai accouché par voix basse. Masque chirurgical imposé, je ne respirais pas assez bien selon la sage femme : mise sous oxygène 4L par lunette et toujours le masque au dessus. Bah croyez-moi c'était l'horreur au moment de pousser je ne trouvais pas mon souffle...".

Sur Twitter, au mois de septembre, le collectif Tou.te.s Contre les Violences Obstétricales et Gynécologiques publiait ces témoignages sous le hashtag #StopAccouchementMasqué, suite aux mesures entreprises par plusieurs maternités, qui imposaient le masque en salle de travail. Une expérience que beaucoup de femmes ont vécu comme un traumatisme, et contre lequel l'organisme s'indignait. Lundi 9 novembre, le gouvernement s'est positionné sur le sujet.

"Souhaitable", mais pas obligatoire

Dans un communiqué, le ministre de la Santé Olivier Véran et la ministre déléguée à l'Egalité femmes-hommes Elisabeth Moreno se sont justement exprimé sur les conditions d'accouchement en pleine crise sanitaire, s'appuyant sur les avis du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) et du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP).

On peut ainsi y lire que "le port du masque chez la femme qui accouche est souhaitable en présence des soignants car il les protège tout comme la femme elle-même". Cependant, le texte précise qu'il n'est pas question d'en faire un impératif : "Les ministres tiennent néanmoins à confirmer que (...) le port du masque ne peut être imposé pour la femme qui accouche et donc en aucun cas être rendu obligatoire".

Olivier Véran et Elisabeth Morena rappellent également que "la naissance doit rester un moment privilégié même dans ce contexte d'épidémie sachant que chacun doit être attentif au respect des consignes de sécurité données par les personnels des maternités". Et d'affirmer : "l'accouchement dans des conditions sereines favorise le bien-être de la mère pendant la période du post-partum et la construction d'une relation parent-enfant de qualité".

Quelle protection pour les soignant·e·s ?

Au personnel soignant inquiet pour sa propre santé, le gouvernement propose de réaliser des tests PCR ou antigéniques avant l'accouchement. Une décision qui permettrait de "faciliter la connaissance du statut infectieux de la femme qui accouche et permettre d'adapter les mesures", selon la déclaration.

Le collectif Tou.te.s Contre les Violences Obstétricales et Gynécologiques juge toutefois inefficaces ces recommandations à celles et ceux en première ligne. Dans sa réponse datée du même jour, ses fondatrices répliquent que la priorité est surtout d'"obtenir un protocole sanitaire garantissant une prise en charge humaine et digne pour les patientes et une protection pour les soignants", en les approvisionnant en "masques FFP2, lunettes de protection, charlottes et surblouses à usage unique", comme stipulé dans le communiqué du Collège National des Sages-Femmes daté du 29 octobre.

Et de conclure : "Les femmes informées continueront à arracher leur masque (si on ne leur maintient pas de force sur le visage), mais les autres ?! Face à des sages-femmes sous-équipées, comment pourront-elles voir leur choix respecté ?"