





"Je ne comprendrai jamais les homophobes..."
Un geste salutaire à l'aune du Mois des Fiertés : c'est ainsi que flamboie le discours à la fois intime et politique de Madison Beer. La chanteuse américaine a fait son coming out il y a quelques temps et MTV a eu la judicieuse idée de proposer une compilation des meilleures punchlines, et arrivées sur le tapis rouge, de la popstar connue pour son aura hyper glamour.
Le sex symbol, que beaucoup comparent à Megan Fox (autre icône queer, via Jennifer's Body, film d'horreur culte) mais qui prône davantage l'inspiration de Lana Del Rey sur ses créations musicales, y délivre des mots salvateurs posés comme un solide rempart face aux lesbophobes : "Ceux que l'orientation sexuelle des gens qu'ils ne connaissent pas dérange, je ne vous comprendrais jamais..."
"Oui j'aime embrasser des meufs ou dater avec, et ça ne devrait même pas être un débat", détaille encore Madison Beer. "Je ne comprends pas pourquoi le fait d'aimer suscite des réactions de haine".
En commentaires, les spectateurices de MTV y vont de leur jubilation et soutiennent cette prise de parole sororale très appréciée par la communauté LGBTQ : "C'est une reine cette femme", "Si iconique", "Merci", "Elle est incroyable", "On l'aime", peut-on lire au gré des très abondantes réactions.
Mais pourquoi ce coming out est-il si important au juste ? On explique...
Déjà, car la lesbophobie, et plus globalement les violences anti LGBTQ, qui visent également les personnes bis, s'exacerbent dans notre société ces dernières années. En France par exemple, seulement 37 % des lesbiennes ont fait leur coming out au travail, contre la moitié des hommes gays, comme l'a relaté un rapport détaillé de Sos Homophobie. D'ailleurs, Sos Homophobie détaille : "La condition des personnes lesbiennes intrinsèquement [liée] à la place et aux droits des femmes dans la société".
Mais ce n'est pas tout...
A l'instar d'Angèle, Madison Beer assume d'être bi. D'aimer les hommes, mais aussi les femmes.
C'est une condition qui souffre encore d'un manque de médiatisation. Or, difficile de normaliser le coming out lorsque les exemples sont aussi maigres qu'un jour sans pain. C'est pour cela que dire le mot "lesbienne" ou "bi" importe autant. Afin de dénouer d'autres discours, mais aussi de contrer une haine qui tend à briser des voix.
Non, "lesbienne", ce n'est pas juste une question privée. C'est intime, politique, c'est la condition de bien des femmes. C'est ce que défend d'ailleurs une femme politique bien connue dans l'Hexagone, Lucie Castets, qui dans les pages du Monde a précisé avec éloquence l'an dernier : "C’est d’une très grande violence ces gens qui disent “on s’en fout”... Le simple fait de le clamer est le signe qu’ils ne s’en foutent pas vraiment !"
Rappelons ces mots d'Alice Coffin à Terrafemina: "Comment dénoncer les problématiques si on refuse de les voir et de les nommer ?"
"C'est ne pas reconnaître qu'elles existent sous couvert d'un "on s'en fout". Il y a un déni général. C'est comme si les médias ne souhaitaient même pas commencer à en parler. Le mot "lesbienne" a en lui une autre résonance et met en panique les hommes. Il est davantage interprété comme un défi au masculin. Et ça, ça m'intéresse ! Le rejet de ce mot en dit long sur sa force"
Mots qui font écho à ceux du passionnant manifeste Comment devenir lesbienne : "Les femmes lesbiennes souffrent à la fois d'une condamnation homophobe de base, et d'une silenciation sexiste. Ces deux choses assemblées, être lesbienne devient carrément un non-sujet"