Ce bouleversant court-métrage dénonce l'exploitation sanglante des lions d'Afrique

Publié le Jeudi 03 Octobre 2019
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Un court métrage choc.
Un court métrage choc.
Un court-métrage "choc" pour éveiller les consciences quant à l'exploitation des lions d'Afrique du Sud.
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C'est un petit film d'animation tout ce qu'il y a de plus chatoyant, mais dont le fond est dur, voire insoutenable. Sous ces couleurs et textures douces comme une caresse, le court-métrage The Bitter Bond (Le Lien Amer en français) fustige une cruelle réalité : celle de la captivé des lions d'Afrique du Sud, systématiquement exploités par les humains à des fins macabres. Une immersion douce-amère sur des faits encore trop peu médiatisés.

L'association Born Free (qui lutte activement pour la préservation de la faune sauvage) est à l'origine de cette création de deux minutes évoquant par son visuel la dernière adaptation du Roi Loin. On y suit l'évolution d'un lionceau devenu lion, de sa vie en captivité auprès des touristes - qui l'adulent à force selfies - jusqu'à, spoiler alert, une résolution brutale : le félin finit fusillé par un chasseur alentours. Chasseur qui, détail morbide s'il en est, se permet lui aussi un petit selfie au passage. The Bitter Bond nous explique ainsi qu'en Afrique du Sud, les lions sont élevés afin d'être abattus. D'où l'idée de "lien amer". Un constat accablant pour un film-choc.

Un commerce morbide

Derrière sa "chute" qui vous foudroie comme la mort de la mère de Bambi, The Bitter Bond donne à voir le système de "marchandage" subit par les lions d'Afrique du Sud, et méticuleusement résumé par le quotidien Metro UK. Après leur naissance, les lionceaux sont d'abord arrachés à leur mère, puis élevés dans un "sanctuaire", régulièrement visité par les touristes environnants. Une fois adultes, ils sont relâchés dans des éclos, avant d'être fusillés par des "tueurs d'élite touristiques". En vérité, il n'est pas rare que les bêtes agonisent longtemps. Une fois mortes, ces chasseurs les dépouillent de leur peau. Et les décapitent, pour faire de leurs têtes des trophées à accrocher aux murs. Enfin, ils conservent leurs os afin d'en faire le commerce.

Tout cela n'a rien d'un obscur marché. En vérité, c'est une organisation industrielle qui se perpétue. D'où l'utilité d'un tel court-métrage, à l'esthétique léchée et à l'ironie noire. Un film d'animation d'utilité publique, qui nous rappelle la persistance de la chasse des pourtant si précieux lions d'Afrique du Sud. Cet assassinat en série est largement alimenté par le tourisme de masse. Comme le relève Born Free au média britannique, il est donc plus que temps de mettre fin à toutes ces pratiques "largement condamnées et cruelles". Fondatrice de l'association caritative, Virginia McKenna espère que ce "film puissant, qui expose toute l'horreur de ce qui se passe", incitera les spectatrices et spectateurs à se mobiliser pour dénoncer cette réalité.

La militante invoque également le gouvernement sud-africain : elle lui exhorte de faire stopper cette vaste barbarie qui, à l'heure actuelle, concerne en moyenne 10 000 lions, répertoriés dans pas moins de trois-cent centres d'élevage à travers le pays. Aujourd'hui, par-delà ces "centres", uniquement destinés à conduire ces animaux vers une fin tragique, il ne resterait plus que 20 000 lions sauvages en Afrique. Un chiffre dérisoire s'il en est. C'est dire à quel point la situation est plus qu'alarmante : elle est urgente.

Pour signer la pétition, c'est par ici.