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Quand les Népalaises sont forcées à l'exil pendant leurs règles
Publié le 9 septembre 2015 à 15:38
Par Jack Parker | Rédactrice
Jack Parker, rédactrice sur des sujets de divertissement sur terrafemina.com
Chaque mois, au Népal, les femmes sont forcées de s'isoler pendant toute la période de leurs règles. Une tradition séculaire qui n'est pas sans risques.
Au Népal, les femmes sont forcées de s'exiler pendant leurs règles. Au Népal, les femmes sont forcées de s'exiler pendant leurs règles.© ThinkStock
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Dans la Région de développement Extrême-Ouest du Népal, il existe une tradition appelée le "Chhaupadi". Ce rituel hindou impose aux femmes de s'isoler pendant leurs menstruations, parce qu'elles sont considérées comme impures pendant cette période de leur vie. En 2005, la cour suprême du Népal avait proscrit cette pratique, mais cela n'empêche pas la tradition de perdurer.

Pendant cet exil, les femmes doivent quitter le domicile familial pour aller vivre dans un goth, une sorte de niche (ou de hutte) d'à peine plus d'un mètre carré construite en bambou, en bois et en paille avec des murs en boue ou bouse séchée. C'est là qu'elles dormiront pendant toute la durée de leurs règles, afin de ne pas "contaminer" les vivres du domicile et de ne pas s'attirer la colère de leur dieu.

Pour les premières règles, cette isolation peut durer entre dix et onze jours. Après ça, les femmes s'isolent chaque mois pendant quatre à sept jours, s'exposant à de nombreux risques. Puisque ces huttes sont isolées du domicile principal, mais également très mal sécurisées, les femmes risquent de se faire attaquer par des animaux sauvages, de se faire mordre par des serpents, de tomber malade, d'être violées ou attaquer par des hommes et de mourir. En 2012, une jeune fille de 16 ans est morte après avoir suffoqué dans son goth.

Mais si elles doivent dormir isolées la nuit, les femmes doivent quand même continuer à travailler pendant leurs règles, le tout en ne mangeant que du pain sans levain et du sel. Selon le témoignage d'une Népalaise sur le site d'AlJazeera, les conséquences seraient terribles si les femmes venaient à se rebeller contre cette tradition :

"Il est dit que si nous touchons des hommes ou quoi que ce soit dans la maison, si nous cuisinons ou utilisons les fontaines et les puits publics, notre dieu, Debti, nous punira. Nos mains et nos jambes se tordront et nos yeux seront arrachés. Les fruits pourriront, les vaches ne donneront plus de lait, les maisons brûleront et les tigres attaqueront la nuit."

Malgré l'interdiction de cette pratique, on estime à 95% le nombre de femmes qui la suivent encore dans la région d'Achham.

Selon la médecin et activiste Aruna Uprety, il ne s'agit ni plus ni moins d'une forme de violence envers les femmes et d'une pratique dégradante. Et les coupables, pour elle, sont les leaders religieux et culturels du pays.

"Imaginez la honte et l'agonie psychologique lorsque le personnel de l'école, votre famille, votre communauté toute entière tient compte de votre cycle menstruel."

Elle s'exprime également sur l'interdiction de 2005 qu'elle juge insuffisante :

"Le gouvernement a interdit cette pratique, mais il n'y a pas un seul cas de punition, d'amende ou même de réprimande recensé."

Dans ces régions, la tradition a bien plus de pouvoir et de poids que la loi, et il est très difficile de faire évoluer les mentalités pour suivre le modèle imposé par le gouvernement, surtout dans les régions rurales et isolées. Et comme aucune action n'a encore été menée à l'échelle nationale pour communiquer sur les méfaits de cette tradition, il y a peu de chance pour qu'elle disparaisse du jour au lendemain.

Mais certaines personnes, notamment des hommes, commencent à s'y opposer publiquement. C'est le cas de Ramesh Bhatta, 27 ans, qui exprime clairement son point de vue :

"Je sais que c'est très dur pour les femmes de vivre seules, si loin de la maison. Je me sens mal. C'est injuste qu'on puisse dormir à l'abri tandis qu'elles sont exposées au danger."

Certaines femmes militantes tentent aussi de faire bouger les choses, comme Tulsy Delvi, bénévole dans une association féministe :

"Certaines d'entre nous refusent de suivre la tradition. On a réussi à convaincre quelques familles de changer. Mais les femmes plus âgées croient toujours dur comme fer à ce système et veulent que leurs filles et leurs belles-filles suivent les coutumes."

Pour tenter de convaincre les femmes qu'elle rencontre, elle partage son expérience :

"Je leur dis 'Regarde : mes vaches et mes poules vont très bien, on a toujours des récoltes, mon corps est normal.'"

Lentement, mais sûrement, de nouvelles idées se faufilent dans ces régions, poussant de plus en plus de femmes à contourner les traditions et constater par la même occasion que leurs croyances étaient erronées. Mais cette tradition prouve une fois de plus que les règles des femmes restent un tabou dans de très nombreux pays, et servent même d'excuses pour les rabaisser et les violenter.

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