Réforme de l'évaluation des enseignants : « les modalités du projet ne sont pas satisfaisantes »
Publié le 17 février 2012 à 10:48
Par Candice Satara-Bartko
A moins de trois mois de l'élection présidentielle, l'éducation s’invite au cœur de la campagne. Alors que le ministère propose un nouveau texte sur l'évaluation des enseignants, Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa, explique son opposition au projet et fait le point sur ce qu’attendent les enseignants du futur président.
Réforme de l'évaluation des enseignants : « les modalités du projet ne sont pas satisfaisantes » Réforme de l'évaluation des enseignants : « les modalités du projet ne sont pas satisfaisantes »© AFP
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Terrafemina : Que reprochez-vous au projet de réforme de l'évaluation des enseignants ?

Christian Chevalier : Nous ne sommes pas favorables à ce projet. Qu’il faille retravailler la question des modalités d’évaluation des enseignants, c’est une évidence. Aujourd’hui, il n’y a pas suffisamment d’inspecteurs dans les collèges et lycées. Ce qui nous dérange dans ce projet c’est que l’on donne au chef d’établissement un rôle majeur dans l’évaluation. Bien sûr c’est important qu’il ait un regard sur l’enseignement des disciplines mais nous pensons qu'il faut un regard croisé entre les corps d’inspection et le chef d’établissement. L’évaluation est source de stress pour beaucoup d’enseignants. Elle doit être considérée comme formative. Les enseignants doivent savoir ce sur quoi ils vont être évalués. Or il n'existe actuellement pas de référentiels de compétences, l’inspecteur évalue avec des critères qui lui sont propres. L’inspection a besoin d’être dépoussiérée. Le gouvernement n’apporte pas les bonnes réponses. L’évaluation et la carrière sont liées. La réforme préconise également que ce soit le supérieur hiérarchique qui attribue nommément les promotions. Là encore ce n’est pas satisfaisant.

Tf : Ce dispositif va-t-il être mis en place à la rentrée 2012 ?

C.C : Pour l’instant aucune organisation ne souhaite signer l’accord. Entrer en négociation trois mois avant une élection sur un sujet aussi important ne me semble pas une bonne solution. Plusieurs options sont à prévoir : soit le ministre considère que le sujet n’est pas mûr et la réforme est reportée, soit il estime que politiquement c’est un sujet majeur et qu’il faut passer en force.

Tf : L'éducation est l'un des thèmes majeurs de la campagne présidentielle. Qu’attendent les enseignants de ce scrutin ?

C.C. : Il y a deux sujets majeurs. La question fondamentale de la difficulté scolaire. Comment traite-t-on la difficulté scolaire ? Il va falloir prendre ce dossier à bras le corps. Le coût social de ce problème est réel. Il faut investir dans l’école, aider ceux qui en ont besoin, former les enseignants à la difficulté scolaire. Des dispositifs comme les réseaux d’aide à l’école font un travail de prévention exceptionnel pour identifier les difficultés qui bloquent la réussite des élèves. Il faut aussi engager une réflexion sur le travail d’enseignant. Ce métier ne peut plus se limiter à la transmission des disciplines. Nous sommes à la croisée des chemins.

Tf : Quel candidat pour l’instant répond le mieux à vos préoccupation ?

C.C. : Nous sommes face à deux visions radicalement différentes de l’éducation. Le programme de l’UMP d’un côté et les autres partis. Alors que ces derniers continuent de s’inscrire dans l’école de la république, le programme du parti majoritaire est une vraie rupture. Il prône une école à l’anglo-saxonne, très concurrentielle où l’on considère que l’unité de base c’est l’établissement. Cette visions va à l’encontre de l’égalité des chances et génère des écoles à deux vitesses. Pour nous la concurrence entre les établissements n’est pas compatible avec l’école de la République. Nous pensons certes qu’il faut plus d’autonomie, ce qui ne veut pas dire donner plus de pouvoir au chef d’établissement.

Crédit photo : AFP

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