Pap Ndiaye nommé ministre de l'Education nationale : la bonne surprise du remaniement

Publié le Vendredi 20 Mai 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
L'historien Pap Ndiaye remplace Jean-Michel Blanquer au poste de ministre de l'Education nationale. Il était depuis 2021 directeur général du Palais de la Porte-Dorée et directeur du Musée national de l'histoire de l'immigration à Paris.
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C'est la grande (et bonne) surprise de ce remaniement. Alors que 14 membres de l'ancien gouvernement sont maintenus sur 27 (dont Gérald Darmanin à l'Intérieur et Eric Dupond-Moretti à la Justice), ce vendredi 20 mai, Matignon a nommé Pap Ndiaye ministre de l'Education nationale. Un rôle d'autant plus important qu'Emmanuel Macron a annoncé l'école comme l'un des trois grands chantiers (avec la santé et les institutions) de son deuxième mandat, rappelle BFM TV.

Retour sur le parcours de l'historien franco-sénégalais, frère de l'écrivaine Marie Ndiaye.

Spécialiste de l'histoire sociale des Etats-Unis et pourfendeur des violences policières

Pap Ndiaye, 56 ans, est docteur en histoire et ancien professeur à Sciences Po et à l'EHESS. En 2021, il avait été choisi par Emmanuel Macron pour diriger le Palais de la Porte-Dorée ainsi que le Musée national de l'histoire de l'immigration.

Au sujet de cette fonction, il commentait d'ailleurs lors d'un entretien auprès du Monde : "Quand un enfant d'origine africaine voit le directeur du Palais de la Porte-Dorée à la télévision, et qu'il lit mon nom, typiquement sénégalais bien que je sois français, il peut se dire : 'Tiens, il y a du nouveau, et c'est un établissement culturel, ça a l'air intéressant...' Pour reprendre le lexique américain, nous avons besoin de 'role models'. En matière de diversité dans les établissements culturels, il reste beaucoup à faire !".

L'universitaire, qui était parti étudier les "Black studies" aux États-Unis et a publié des articles sur la condition des populations noires en France à la fin des années 2000, est spécialiste de l'histoire sociale américaine et des minorités. Il s'est également exprimé à plusieurs reprises au sujet des violences policières pour les condamner.

Dans les colonnes du Monde, il expliquait encore que sa préoccupation était "de ne plus mettre des pans de notre histoire sous le tapis".

Le 17 mai, il confiait à Ouest-France regretter que l'histoire migratoire soit "mise de côté" en France. "Les questions d'immigrations n'ont pas leur place dans le récit national. Or, c'est pourtant essentiel si l'on veut comprendre notre histoire", insistait-il.

La nomination de Pap Ndiaye n'a rien d'anodin, comme l'analyse le sociologue Michel Wieviorka dans Le Monde. "Le chef de l'Etat voulait ­lancer un signal politique pour contrebalancer les positions des ministres Jean-Michel Blanquer [Education], Frédérique Vidal [Enseignement supérieur] et Gérald Darmanin [Intérieur]", trois ministres pourfendeurs du "wokisme".

L'arrivée de l'universitaire au gouvernement sera peut-être l'occasion d'instaurer des programmes scolaires qui racontent le passé de notre pays tel qu'il est, pour entamer une réparation indispensable à la construction d'un avenir plus juste.

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