Pourquoi la garde alternée serait la meilleure option pour les mères

Publié le Vendredi 28 Octobre 2022
Maïlis Rey-Bethbeder
Par Maïlis Rey-Bethbeder Rédactrice
Maïlis Rey-Bethbeder aime écrire, le café, traîner sur les réseaux sociaux et écouter de la musique. Sa mission : mettre en lumière les profils, les engagements et les débats qui agitent notre société.
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Une étude relayée par l'Ined révèle que les femmes qui ont recours à la garde alternée après une séparation accèdent ou conservent plus facilement leur emploi, mais atteignent aussi plus vite leur autonomie financière.
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Une séparation, au-delà des moments durs pour le couple et la famille, a des impacts financiers sur le long terme. Les mères célibataires peuvent en effet se retrouver en situation de grande précarité. Un rapport de l'Insee datant de 2014 montrait que les monoparents (dont la grande majorité sont des femmes) seraient deux fois plus touchés par le chômage, leur taux de chômage atteignant 25 % contre 12 % pour les parents vivant en couple. De plus, 30% des monoparents qui travaillent seraient à temps partiel.

Les femmes célibataires avec enfant se retrouveraient à devoir éduquer leur progéniture seules tout en devant assumer les besoins du foyer. Même si les mères solos ayant leur enfant à charge reçoivent une pension alimentaire, elle perdraient en moyenne 20% de leur niveau de vie suite à une séparation ou un divorce, expliquait la journaliste Lucille Quillet dans son ouvrage Le prix à payer : ce que le couple coûte aux femmes, paru en 2021. L'Insee constatait déjà ce phénomène en 2015.

Comment faire pour renverser la tendance ? Opter pour la garde alternée, encore trop peu mise en place par les parents séparés. Seulement 12% des enfants de parents divorcés seraient en garde alternée, d'après des chiffres publiés par l'Insee en 2021. "Les autres enfants de parents séparés résident donc majoritairement ou exclusivement chez un seul de leurs parents, le plus souvent leur mère (86 %)", souligne le rapport.

Les chercheur·euses Carole Bonnet, Anne Solaz et Bertrand Garbinti estiment ainsi dans une étude relayée par l'Ined que la garde alternée permettrait de lutter contre la précarité des mères célibataires, de favoriser leur retour à l'emploi, d'améliorer leur vie professionnelle et de leur faire atteindre plus vite l'autonomie financière.

"Un partage plus égalitaire des responsabilités parentales"

Grâce à l'examen des données fiscales de plus de 60 000 mères divorcées ou "dépacsées", les autrices et l'auteur de l'étude ont pu établir que "le taux d'emploi des mères avec enfants en garde alternée est supérieur de 20 points à celui des mères qui en ont la garde principale".

"Les politiques favorisant un partage plus égalitaire des responsabilités parentales, comme le soutien à la résidence alternée, peuvent avoir des effets sur l'autonomie financière des femmes et le niveau de vie des enfants de familles monoparentales à court terme, et aussi, potentiellement, à long terme sur les droits à la retraite de ces mères", indiquent les experts.

La garde partagée libère donc du temps, ce qui permet de trouver ou de retrouver plus rapidement un emploi (ou de se consacrer davantage à sa vie professionnelle lorsque la mère occupe déjà un emploi). "Trouver un nouvel emploi ou en conserver un permet d'éviter une chute drastique du niveau de vie lors d'une séparation", estiment ainsi les chercheur·euses.