Chômage : la réduction des écarts hommes-femmes n'est pas un facteur d'égalité

Publié le Vendredi 28 Décembre 2012
Chômage : la réduction des écarts hommes-femmes n'est pas un facteur d'égalité
Chômage : la réduction des écarts hommes-femmes n'est pas un facteur d'égalité
Pour la dix-neuvième fois consécutive, le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi a augmenté en novembre 2012. Le ministère du Travail a recensé 29 300 demandeurs d'emploi supplémentaires en catégorie A (+0,9%). Mais face au chômage, hommes et femmes sont-ils à égalité ? Nous avons posé la question à Noam Leandri, président de l'Observatoire des inégalités.
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Terrafemina : En novembre 2012, 2,333 millions de femmes étaient inscrites à Pôle emploi contre 2,283 millions d’hommes (catégories A, B, C), selon les chiffres publiés par le ministère du Travail jeudi. Les femmes sont-elles donc toujours plus exposées au chômage que les hommes ?

Noam Leandri : Oui, car les inégalités au départ persistent. Bien qu’elles réussissent mieux à l’école, les femmes restent légèrement moins diplômées que les hommes et sont donc moins qualifiées. Par ailleurs, elles ont tendance à choisir des secteurs de métiers où il y a plus de chômage comme les sciences humaines par exemple. Enfin, la dernière raison tient plus de la discrimination. Les femmes réduisent leur taux d’activité quand elles ont un enfant. Et ce « vide » sur leur CV, bien que tout à fait explicable, n’est toujours pas valorisé dans les entreprises. En réalité, les causes du chômage des femmes sont les mêmes depuis des années, rien n’a changé sur le fond. D’autant que ces chiffres ne prennent pas en considération les temps partiels, le plus souvent occupés par des femmes, et qui permettent de combler l’écart en grande partie…

Tf : Pourtant, on a observé des fluctuations. Le taux de chômage des hommes et des femmes était quasiment identique en 2009 (à 0,1 point près) mais, depuis, l’écart ne cesse d’augmenter. Comment l’expliquez-vous ?

N. L. : Si on regarde les chiffres sur une longue période, le chômage des femmes a toujours été supérieur à celui des hommes. En 2009, l’écart était en effet quasi nul, non pas parce que le taux de chômage des femmes a baissé, mais parce que celui des hommes a augmenté. La crise a d’abord touché l’industrie, un secteur qui emploie essentiellement des hommes. L’écart s’est donc resserré mais les causes du chômage des femmes n’étaient pas pour autant résolues. La crise a ensuite touché les services à la personne, un secteur plutôt féminin et l’écart a de nouveau augmenté. En réalité, la tendance de fond, c’est une réduction des écarts de chômage entre hommes et femmes. Mais, il ne faut pas y voir un facteur d’égalité hommes-femmes, plutôt un nivellement vers le bas. La crise dans sa globalité est moins défavorable aux femmes, simplement.

Tf : Mais alors quelles mesures peut-on mettre en place pour lutter contre le chômage des femmes ?

N. L. : Pour ce qui est de la maternité, il faudrait à mon sens proposer un « revenu parental » proportionnel à l’emploi occupé précédemment. Avec ce qui est proposé actuellement, ce sont les femmes les moins diplômées, déjà exclues plus facilement du marché du travail, qui sont incitées à rester à la maison. Par ailleurs, sur le modèle de la Suède, le congé parental devrait pouvoir être partagé par les deux parents. Aujourd’hui, il est pris dans plus de 90% des cas par les mères. Si la « pénalité » du congé parental s’applique aux hommes comme aux femmes, il n’y aura alors plus de pénalité ! Enfin, il faut cesser d’encourager les temps partiels, voire les décourager. Aujourd’hui, on a plutôt tendance à les inciter.

Télécharger le rapport du ministère du Travail (pdf)

Crédit photo : iStockphoto

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