Najat Vallaud-Belkacem, Serena Williams et les surfeuses en talons : le machomètre de la semaine

Publié le Vendredi 21 Juin 2013
 Najat Vallaud-Belkacem, Serena Williams et les surfeuses en talons : le machomètre de la semaine
Najat Vallaud-Belkacem, Serena Williams et les surfeuses en talons : le machomètre de la semaine
Dans cette photo : Serena Williams
Du machisme en politique, le dérapage sexiste de la cadette des sœurs Williams, l'art prétexte à la misogynie, des talons hauts et des talons aiguilles : notre classement hebdomadaire du sexisme ordinaire est encore (bien trop) fourni. Une semaine banale dans un monde de machos.
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1. Machisme en politique : le retour

Hugues FoucaultÉvoluer en politique quand on est une femme n’est décidément pas une sinécure. La dernière à avoir fait les frais du machisme ambiant dans le milieu n’est autre que la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem. Mercredi, alors que se déroulait la séance de questions au gouvernement, cette dernière a semble-t-il particulièrement retenu l’attention, derrière son petit écran, d’un élu UMP, également maire de Bretagne, petit village de l’Indre. Jugeant judicieux de partager une analyse personnelle et Ô combien pertinente, Hugues Foucault a donc déclaré sur Twitter : « #NVB (Najat Vallaud-Belkacem, ndlr.) suce son stylo très érotiquement ».

Loin de se démonter devant le tollé provoqué sur le réseau social, ce membre du bureau politique du Parti Chrétien-Démocrate poursuit : « Amusant comme la gauchosphère se lâche ! » avant de finalement supprimer son tweet et de s’excuser (enfin !) auprès de la porte-parole du gouvernement. « Je présente mes plus vives excuses à Najat Vallaud-Belkacem ainsi qu’à tous ceux que j’ai choqués par mon tweet d'une infamie et d'une horreur totale ». Nous aurions presque pu croire ses excuses sincères, sans l’ironie palpable qui s’en dégage ; et c’est donc sans dérision aucune que nous attribuons la première place du machomètre de cette semaine à monsieur Hugues Foucault.

2. Serena Williams juge chanceuse une adolescente violée

Serena WilliamsLe sexisme n’est pas l’apanage des hommes. Serena Williams, la numéro un mondial de tennis l’a malheureusement prouvé cette semaine. Interrogée par un journaliste du magazine Rolling Stones, la cadette des sœurs Williams est revenue sur une affaire de viol collectif qui avait eu lieu en 2012 dans l’Ohio (États-Unis). « Ils ont fait quelque chose de stupide, mais je ne sais pas », commence, hésitante, la gagnante de l’édition 2013 du tournoi de Roland Garros avant de déraper complètement. « Je ne rejette pas la faute sur la fille mais si vous avez 16 ans et que vous êtes saoule à ce point, vos parents devraient vous dire : "N'accepte pas les boissons offertes par d'autres personnes". Pourquoi était-elle ivre au point de ne pas se souvenir de quoi que ce soit ? Cela aurait pu être bien pire. Elle a de la chance », a-t-elle estimé.

S’enlisant de plus en plus dans ses maladresses, elle conclut : « Bien sûr, je ne sais pas, peut-être elle n'était pas vierge, mais elle n'aurait pas dû se mettre dans une telle situation, à moins qu'ils lui aient mis quelque chose dans son verre, ce qui serait différent. » Des propos inacceptables pour lesquels Serena Williams s’est empressée de s’excuser via son site internet, se disant « profondément désolée ». Pas autant que nous, qui voyons cette sportive hors-norme faire son entrée directement à la deuxième place de notre classement du sexisme ordinaire.  

3. « La publicité la plus machiste de tous les temps »

Pub Johnny FarahLa publicité d’un designer libanais a récemment déclenché l’ire des internautes sur les réseaux sociaux. Destinée à promouvoir un événement dans son magasin de Beyrouth où il vend des sacs à main, Johnny Farah a choisi une photo où le machisme rivalise avec la violence. On y voit une sorte de gladiateur étrangler une femme portant un sac sur la tête. Et alors que la version américaine du Huffington Post se demande si elle vient de dénicher « la publicité la plus machiste de tous les temps », le designer s’est (maladroitement) justifié affirmant qu’il ne s’agissait là que d’une affiche pour une exposition de photographies. Ou quand la soi-disant œuvre artistique est prétexte à la misogynie.

4. Il met en doute le talent des surfeuses, elles défient les vagues en talons aiguilles

Jeff ClarckDirecteur de l’une des plus célèbres compétitions de surf de Californie, la « Maverick Competition », Jeff Clarck avait estimé, il y a quelques mois, que l'événement n’était pas prêt à s’ouvrir aux femmes, les vagues - particulièrement dangereuses dans cette partie du globe - étant inapprivoisables par le sexe faible. Une sortie sexiste à laquelle des surfeuses de renom, comme Savannah Shaughnessy, Sarah Gerhardt ou Jamilah Star avaient répondu, faisant savoir que « le pourcentage de surfeurs pouvant affronter ces vagues géantes était minuscule : 1% chez les hommes », mais qu’aucun chiffre n’était disponible s’agissant des femmes, ces dernières étant exclues des compétitions. Loin de vouloir en rester là, et pour montrer l’étendue de leur talent, plusieurs surfeuses russes ont donc, lors d’une compétition à Bali (Indonésie) fait le pari fou (et remporté haut la main !) d’apprivoiser les vagues chaussées de leurs talons aiguilles. Pas sûr que ce cher Jeff Clarck, si prompt à sous-estimer les capacités féminines, puissent en faire autant.  

5. Tenues correctes et talons hauts exigés

ProAbitionQue les bars et boîtes de nuit des grandes agglomérations imposent un dress code pour leurs soirées est monnaie courante, l’objectif étant pour ces dernières de s’assurer une clientèle la plus qualitative possible. Mais, en Californie, le bar ProAbition est allé trop loin en imposant à sa clientèle féminine le port de talons hauts. « Femmes : aucune chaussure plate ni de sandale. Les talons sont obligatoires. Seule exception : si vous êtes blessée », peut-on lire sur les flyers de l’établissement. Un règlement « sexiste » et « affligeant » rapidement dénoncé par les associations féministes sur la page Facebook de l’établissement. Mais malgré le mécontentement des internautes, les responsables du ProAbition, sûrs de leur fait, se sont contentés d’expliquer sur le réseau social avoir « mis beaucoup de temps, d'argent et d'efforts pour créer ProAbition » et espérer créer et maintenir une atmosphère qui colle à leur vision des choses. « C'est la raison pour laquelle nous avons instauré un dress code, pour promouvoir et maintenir l'atmosphère et l'amusement de chacun. S'il vous plaît, faites preuve de bon sens », concluent-il. Au ProAbition, amusement, talons hauts et machisme sont donc liés.