Mexique: une rappeuse explique aux femmes comment braver l’interdiction d’avorter

Publié le Samedi 19 Juillet 2014
Mexique: une rappeuse explique aux femmes comment braver l’interdiction d’avorter
Mexique: une rappeuse explique aux femmes comment braver l’interdiction d’avorter
Le Mexique criminalise l’avortement dans 18 de ses 31 Etats. C’est pourquoi Luisa Velázquez, alias Menstruadora a composé une chanson de rap appelant les femmes qui n’ont pas d’autres choix à détourner l’usage d’un médicament, le Misoprostol, pour avorter même là où c’est interdit, plutôt que d’employer d’autres méthodes nettement plus dangereuses. Ou de céder à la pression des anti-avortement, très actifs dans le pays.
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Ce que propose Menstruadora est bien entendu très dangereux sans l’assistance d’un médecin. Mais l’usage du Misoprostol fait figure de version « soft » de l’avortement clandestin, dans un pays où la pratique est criminalisée dans une majorité des Etats, et où les femmes ont parfois recours à des procédés nettement plus risqués et désespérés. Sur ce terrain, les militants pro-IVG redoublent de propagande pour jeter l’opprobre sur les femmes ayant décidé de mettre un terme à leur grossesse - empirant davantage leur situation.

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Menstruadora encours l’utilisation du Misoprostol dans une chanson de rap

« J’ai vu une organisation féministe mexicaine, qui s’appelle “Las Libres” (Les Libres, ndlr) partager publiquement des informations sur le Misoprostol à Guanajuato, un État où l’avortement est illégal; j’ai donc décidé de me joindre à ce genre de campagne, pour sensibiliser autour du droit des femmes à choisir », explique Menstruadora, citée par le site américain Fusion. Le Misoprostol est un médicament utilisé par de nombreuses cliniques pratiquant l'interruption volontaire de grossesse, et est efficace jusqu'à 9 semaines. Il a aussi la particularité d’être l’un des « médicaments les plus essentiels dans un système de santé basique », selon l’OMS - notamment à cause du champ très large de ses indications. Il est donc facile de s’en procurer, même là où l’avortement est interdit.

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Voici un extrait de la chanson:

« Voici le rap, pour avorter,

Dans 8 cas sur 10, ça devrait marcher,

Tu peux essayer, c’est efficace,

Maintenant qu’on est prête,

On va avorter !

Misoprostol, c’est le nom du médicament,

Disponible sans ordonnance dans les pharmacies,

Souviens-toi que tout cela est ton droit;

Et pour moi, un chant féministe ».

La suite de la chanson donne des indications précises pour employer le médicament dans le but d’avorter.

Comme le souligne le site américain Jezebel, cela montre que là où l’avortement est interdit, les femmes ne se mettent pas simplement à mener leurs grossesses non désirées à terme- mais usent au contraire de méthodes souvent désespérées pour malgré tout disposer librement de leur corps. Ainsi se souvient-on des manifestations pour l’IVG en Espagne et surtout du cintre arboré par les manifestantes, en référence à l’une des méthodes les plus employées par les femmes en Espagne, à l’abri des regards, pour avorter lorsque c’était interdit. Et si ce qui est en passe de devenir un véritable droit en France paraît désormais être un acquis, il reste pourtant régulièrement menacé.