Cécile Kyenge : « on m’accuse d’être une femme, noire et étrangère »

Publié le Dimanche 19 Janvier 2014
Cécile Kyenge : « on m’accuse d’être une femme, noire et étrangère »
Cécile Kyenge : « on m’accuse d’être une femme, noire et étrangère »
Cécile Kyenge, la ministre italienne de l’immigration s’est exprimée dans le quotidien espagnol El Pais. Victime constante d’attaques racistes, cette femme de 49 ans confesse qu’elle n’aurait jamais pensé vivre des moments aussi compliqués pour éviter « l’invisibilité » des immigrés.
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Cécile Kyenge, ministre italienne de l’immigration, mère de deux enfants, est accusée et insultée tous les jours, que ça soit dans la rue, au Parlement, dans la presse ou la télévision. Non pas pour ses idées politiques de centre-gauche mais pour sa couleur de peau. Sous l’œil passif des politiques, les responsables du parti d’extrême droite de la Liga Norte la comparent à un orang-outan, lui jettent des bananes ou tiennent des propos racistes. La femme de 49 ans a livré ses impressions au journal El Pais.

Cécile Kyenge ne pense pas l'Italie raciste

« Je suis convaincu que ces insultes ne sont pas destinées seulement à détruire une personne mais aussi le futur de l’Italie. Ça a été huit mois difficiles, qui ont influencé ma vie privée, mais jamais ces attaques ne m’ont affecté au point de penser à abandonner mon poste », explique en début d’interview la ministre, originaire de la République démocratique du Congo. « Jamais je n’aurai pensé vivre des moments aussi durs. Mais même avec tout ça, je ne dirai pas que l’Italie est raciste ».

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Ophtalmologue de profession, Cécile Kyenge avoue avoir souffert d’insultes racistes dans son ancien métier au début, « mais il ne faut pas avoir peur, c’est important ». Même face aux attaques de la Liga Norte, elle reste optimiste. « On m’accuse d’être noire, d’être une femme et étrangère et même d’avoir étudié. Parce que selon les stéréotypes, je devrais faire le ménage à la maison et avoir des enfants ». La ministre affirme aussi s’être mise à la place de ces migrants décédés à Lampedusa. « Cela aurait pu être moi ».