Libye : les femmes violées pendant la Révolution reconnues comme victimes de guerre

Publié le Jeudi 20 Février 2014
Libye : les femmes violées pendant la Révolution reconnues comme victimes de guerre
Libye : les femmes violées pendant la Révolution reconnues comme victimes de guerre
Le gouvernement libyen a adopté mercredi 19 février un décret reconnaissant comme victimes de guerre les femmes ayant subi des viols au cours de la révolution de 2011, ainsi que celles « contraintes de rejoindre des groupes destinées à satisfaire les désirs de Mouammar Kadhafi et ses fils » durant la période de son règne. Ce décret démontre la volonté du gouvernement libyen de briser le tabou du viol et de prendre ses responsabilités vis-à-vis du passé.
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C’est une première mondiale. Sous l’impulsion de Salah Al-Marghani, le ministre de la Justice libyen, les femmes victimes de viols pendant la révolution libyenne seront désormais reconnues comme des victimes de guerre. Ce statut s’accompagne d’un ensemble de dispositions destinées à redonner aux victimes une place dans la société en leur fournissant un soutien social, juridique, économique et médical.

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Grâce à ce statut de victime, ces femmes se verront attribuer une pension mensuelle, des soins médicaux, des offres d’études en Libye ou à l’étranger, une priorité pour des emplois publics, l’obtention de prêts immobiliers, ainsi qu’une assistance dans les poursuites judiciaires contre leurs agresseurs. Les enfants issus des viols sont également protégés par le décret et leur adoption sera facilitée. Afin de recenser les femmes violées en toute discrétion, une commission spéciale sera organisée dans plusieurs villes.

Un exemple pour d'autres pays ?

Le ministre de la Justice libyen Salah Bachir Al-Marghani a été reçu mardi 18 février à Paris, à l’Assemblée nationale, où plusieurs responsables politiques, dont le président Claude Bartolone, ont exprimé leur soutien au texte qui vient d’être adopté. Najat Vallaud-Belkacem a insisté sur le « signal très fort » qui serait ainsi donné aux femmes pour signifier que « le cycle de la violence pouvait être brisé », évoquant la porté de ce texte pour toutes les femmes victimes de viols en Syrie, au Mali, en RDC, en RCA.

Ce texte marque une rupture avec le déni qui a prévalu en Libye au sujet des violences subies par les femmes ; des milliers de femmes ont subi les agressions sexuelles du colonel Kadhafi au cours de ses 42 ans de règne et des milliers d’autres ont été violées par ses troupes et mercenaires pendant la révolution. Pour Souhayr Belhassen, présidente d’honneur de le Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), il s’agit d’une « première mondiale. « Cette loi était attendue par des milliers de femmes en Libye. Nous espérons maintenant qu’elle inspirera d’autres pays dans le monde », a-t-elle déclaré.

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