Violences conjugales, la face cachée de la Coupe du monde

Publié le Vendredi 27 Juin 2014
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
Violences conjugales, la face cachée de la Coupe du monde
Violences conjugales, la face cachée de la Coupe du monde
Dans cette photo : Steven Gerrard
L'élimination de l'équipe d'Angleterre lors de la Coupe du monde n'a pas seulement fait le malheur des supporters. Selon une étude réalisée par l'Université de Lancaster, les violences domestiques augmenteraient de 38% en cas de défaite. Un chiffre terrifiant, mis en image dans une publicité choc.
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Assise sur son canapé, une femme regarde un match de foot. Les yeux rivés sur l'écran, stressée, elle supporte l'équipe d'Angleterre quand soudain, le coup de sifflet final retentit. Les « Three Lions » du capitaine Steven Gerrard ont perdu. Pour des millions de supporters, c'est la fin d'un rêve : celui de voir leur équipe poursuivre le Mondial. Mais pour cette femme, et des milliers d'autres dans le pays, c'est le début du cauchemar. Car, comme le rappelle cette campagne choc réalisée à l'occasion de la Coupe du monde par l'association « Tender Education and Arts », les violences domestiques augmenteraient de 38% en Angleterre et au Pays de Galles quand l'équipe nationale de football est défaite.


Cette pub coup de poing n'est pas seulement diffusée parce que l'équipe d'Angleterre a été éliminée de la Coupe du monde. Elle illustre surtout une étude réalisée par l'Université de Lancaster, et parue en juin dans le Journal of Research in Crime and Delinquency. S'appuyant sur les matchs des éditions de 2002, 2006 et 2010 au cours desquels l'Angleterre a perdu, l'étude démontre que les violences domestiques seraient en hausse notable après des défaites. Mais une victoire n'assure pas non plus l'absence de violences conjugales. Au contraire même : ces dernières augmenteraient aussi de 26% en cas de victoire de l'équipe britannique.

« Laissez les coups aux joueurs »

Les conséquences de la récente élimination de l'Angleterre lors de la Coupe du monde semblent donner raisons aux conclusions de l'étude de l'Université de Lancaster. Dans le comté de l'Essex, au sud-est de l'Angleterre, la police a été obligée de déployer des patrouilles supplémentaires pendant et après le premier match opposant l'Angleterre à l'Italie, ainsi que des cellules de renseignement sur les violences domestiques dans les commissariats, rapporte le Guardian.

Dans le Lancashire - un comté au nord du pays où les violences conjugales avaient augmenté de 25% en 2010 - des affiches ont été placardés le long des voies pour prévenir les violences conjugales. « Laissez les coups aux joueurs », avertissent les panneaux.

Interrogé par le Guardian, le chef de la police du comté d'Essex explique : « Nous essayons au maximum de prévenir [les violences domestiques]. [...] Je ne peux pas garantir que nous n'aurons pas d'autre tragédie au cours de la Coupe du monde, mais nous ciblons les auteurs, et travaillons en collaboration avec des partenaires pour partager l'information plus efficacement et essayer de mieux protéger les victimes. »

Pourtant, rappelle le Dr Stuart Kirby, criminologue et principal auteur de l'étude, prévenir les violences conjugales en misant sur la surveillance des individus à risque n'est pas la panacée. « Si vous êtes un individu violent, déjà auteur de violence domestiques, alors vous êtes plus susceptible de récidiver au cours des prochaines semaines. Mais parce que la Coupe du monde augmente les facteurs étiologiques de la violence domestique, il y aura des individus qui commettront pour la première fois des violences conjugales lors des matchs de l'Angleterre. »

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Steven Gerrard