Carla Bruni-Sarkozy : lettre de soutien au mari de Rafah Nached

Publié le Lundi 03 Octobre 2011
Dans une lettre adressée au mari de Rafah Nached, l'épouse du président de la République, Carla Bruni-Sarkozy, monte au créneau et demande la libération de la psychanalyste syrienne.
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Dans cette missive mise en ligne sur le site « La règle du jeu » du philosophe Bernard-Henry Levy, Carla BRUNI-Sarkozy se dit « atterrée par ce qui arrive ». « Il me paraît inconcevable que cette clinicienne, qui se voue à la thérapeutique et à l'étude, soit une menace pour l'ordre public, pour la sécurité de l'État », ajoute la Première dame, également préoccupée par l’état de santé alarmant de Rafah Nached. Elle décrit la psychanalyste comme une « femme libre et accomplie, dont la notoriété est internationale, dont la vie et les travaux honorent la Syrie, les femmes syriennes et arabes, et toutes les femmes » qui « connaît aujourd'hui un sort injustifiable ». « C'est pourquoi, ajoute Carla BRUNI-Sarkozy, j'ose espérer que ceux qui peuvent rendre Rafah Nached aux siens le feront sans attendre plus longtemps ».
Cette dernière avait été arrêtée le 10 septembre à l'aéroport de Damas « par des agents des services de renseignements de l'armée de l'air » alors qu'elle comptait se rendre à Paris pour assister à l'accouchement de sa fille.
Rescapée d’un cancer et souffrant de troubles cardiaques et d’hypertension artérielle, Mme Nached, 66 ans, était suivie médicalement à Beyrouth et à Paris. Elle a été la première femme psychanalyste à exercer en Syrie.

Lire la lettre, publiée en exclusivité sur le site La Règle du Jeu :

«                                                                                                  Paris, le 2 octobre 2011

Cher Docteur ABDALLAH,

J’ai appris que votre épouse, le Docteur Rafah NACHED, a disparu dans la nuit du 10 septembre, et que vous avez été 5 jours sans savoir ce qu’il était advenu d’elle. Il ne m’est pas difficile d’imaginer dans quelle angoisse vous et votre famille avez vécu ces moments.

Depuis lors, vous avez été averti qu’elle avait été arrêtée par des services de la sécurité militaire, et qu’elle était désormais emprisonnée. Vous avez le droit de lui faire deux visites d’une demi-heure par semaine. La dernière fois, vous avez constaté qu’elle était trop épuisée pour se tenir debout le temps de la visite. Elle souffre en effet de troubles cardiaques, et tous ceux qui la connaissent sont inquiets de son état de santé.

Je suis atterrée par ce qui lui arrive. J’ai pu constater que Rafah NACHED a beaucoup d’amis à Paris, où elle s’est formée comme psychanalyste. Il me paraît inconcevable que cette clinicienne, qui se voue à la thérapeutique et à l’étude, soit une menace pour l’ordre public, pour la sécurité de l’Etat.

Rafah NACHED, cette femme libre et accomplie, dont la notoriété est internationale, dont la vie et les travaux honorent la Syrie, les femmes syriennes et arabes, et toutes les femmes, connaît aujourd’hui un sort injustifiable. C’est pourquoi j’ose espérer que ceux qui peuvent rendre Rafah NACHED aux siens le feront sans attendre plus longtemps.

Cher Docteur Addallah, depuis l’arrestation de Rafah NACHED, votre petite-fille est née. Sans doute ne l’aura-t-on pas dit à votre épouse. Mais, dans sa cellule où elle est emprisonnée, elle n’est pas seule. Des milliers d’amis, connus ou inconnus, pensent à elle chaque jour à travers le monde, et n’auront de cesse d’agir pour que, très vite, elle retrouve la liberté, et puisse embrasser la petite Indya.

Avec toute mon admiration pour le courage de Rafah et le vôtre, je vous adresse à tous les deux mes sentiments de solidarité et de profonde sympathie.

Carla BRUNI-SARKOZY »


Alexandre Roux


Avec AFP
Crédit photo : AFP/Archives

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