Adrien Gallo est connu comme l'ex leader du groupe de rock BB Brunes, une pierre fondamentale dans notre culture ado des années 2000 - si si. Mais réécouter aujourd'hui leur premier album est compliqué.
Culture du viol, misogynie, "meufs faciles et forcément consentantes", slut shaming. A Libé, dans une interview très honnête, Adrien Gallo a décidé de réagir à ces observations qui font mal à notre nostalgie.
Le chanteur s'exprime sans filtre sur ses chansons près de 20 ans après. Hyper problématiques ?
Car le verdict de Libé est sans appel, justement : "Reste que leur premier album, Blonde comme moi, sorti en 2007, a un peu mal vieilli : il dégouline de fantasmes d’ados hétéros et de culture du viol – toutes les chansons ou presque parlent de se bourrer la gueule et de baiser avec des filles splendides, un peu beaucoup salopes et pas forcément consentantes".
La culture du viol, c'est le fait d'euphémiser les violences sexuelles. Le slut shaming, c'est le fait de qualifier de "p*te" une femme selon ses tenues et ses attitudes, tout en considérant comme une insulte le fait d'être comparée à une travailleuse du sexe.
Ambiance. Qu'en dit son chanteur culte ? Et bien, loin de se cacher derrière l'argument réac du "on ne peut plus rien dire", il fait son mea culpa. Et explique.
Adrien Gallo ne minimise pas la teneur de ses textes d'antan. Loin de là même.
De quels textes parle-t-on en fait ? De cette Houna dont le narrateur est raide dingue quand elle ne lui "appartient pas" à la même, qui "en secret se tape un clodo" ("Houna, Toutes mes copines"), et que le protagoniste de ces ritournelles imagine aisément "dormir dans les draps sales sous les bras d'un maquereau".
Avant que ce dernier ne s'exclame : "Houna, je te promets, tu n'feras plus la pute si j'ai un micro". Ou encore, la chanson "Blonde comme moi", qui donne son titre à l'album. Extrait : "Moi, j'veux toi, que toi, rien d'autre que ça, mais t'es qu'une pute des bois, tant pis pour moi". Autrement dit, le mot en p revient comme une virgule dans ces textes.
Et si on laissait l'auteur de ces mots s'exprimer ? Dans l'interview citée plus haut, il témoigne.
Et détaille : «Jamais j’écrirais une chanson comme ça aujourd’hui».
Le journal d'épiloguer ensuite : "Pour celui qui était un fan inconditionnel de Gainsbourg, il y avait là-dedans la marque «d’une époque» particulièrement «patriarcale et misogyne» qui imprégnait toute la culture. Le musicien se réécoute rarement, mais quand il y pense, il se demande, mi-penaud mi-rieur : «Qui m’a laissé écrire ça ?»"
Effectivement, BB Brunes est un hommage à Initials BB, le fameux hymne de Serge Gainsbourg. La misogynie aussi semble être un clin d'œil au compositeur. Pas la meilleure révérence on l'imagine. Un brin difficile à écouter près d'une décennie après #MeToo.