Stéréotypes fille-garçon : tout se joue avant 3 ans

Publié le Jeudi 28 Mars 2013
Stéréotypes fille-garçon : tout se joue avant 3 ans
Stéréotypes fille-garçon : tout se joue avant 3 ans
C'est jeudi matin que Brigitte Grésy présentait à la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem son rapport sur « l'égalité entre filles et garçons dans les modes d'accueil de la petite enfance ». L'objectif : trouver des pistes pour lutter contre les stéréotypes sexués qui s'imposent aux enfants dès leur plus jeune âge.
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Dictature du rose pour les filles et bleu pour les garçons, hégémonie des personnages masculins dans les livres et dessins animés pour enfants, distribution partiale des jouets, avec des cantines, dinettes et autres poupées d’un côté qui favorisent les jeux d’imitation pour les fillettes, tandis que les petits garçons sont invités à se servir de leur imagination avec des jeux de construction… En arrivant en maternelle, à peine âgés de 3 ans pour la plupart, les enfants ont déjà intégré malgré eux nombre de stéréotypes de genre. D’où l’idée de la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem d’étudier les pistes possibles afin de s’attaquer à la question de l’égalité entre filles et garçons dès la petite enfance. L’objectif de la ministre : « faire en sorte que les petites filles et les petits garçons soient traités de façon égale, avec des opportunités et des perspectives et des champs des possibles égaux ». C’est dans ce cadre que Brigitte Grésy, inspectrice générale à l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales), a rendu jeudi matin Mme Vallaud-Belkacem son rapport sur le sujet, visant à comprendre comment « les stéréotypes s’installent  dans le quotidien des enfants et forment cette division sexuée du monde » et comment développer des outils utiles pour les professionnels de la petite enfance et aux parents. 

« Les petites filles sont moins stimulées que les garçons »

Brigitte Grésy est donc « allée voir du côté de la petite enfance », étudier les pratiques des professionnels mais également les formations qui sont dispensées. Conclusion : absence de la question dans les formations et « aucune mention du caractère sexué des enfants et des conséquences que cela peut entraîner sur les modes d’apprentissage ». Si en théorie l’égalité de traitement entre filles et garçons est la règle, en pratique les stéréotypes ont la vie dure. « Les activités menées avec les enfants contredisent la neutralité affichée » rapporte Mme Grésy, qui l’explique : « les petites filles sont moins stimulées, moins encouragées dans les activités collectives, tandis que leur apparence est d’avantage l’objet des attentions des adultes ». « En revanche les préoccupations pour les capacités physiques sont plus prononcées quand il s’agit des garçons », note-t-elle par ailleurs. Autant de dissymétries que l’on retrouve également dans les jouets vers lesquels les enfants sont guidés, leurs vêtements, les sports qu’on leur fait pratiquer… « Ceci pose la question d’une perte de chances pour les enfants en termes d’estime de soi, d’apprentissage… », souligne Brigitte Grésy, qui insiste : « une politique d’égalité s’avère utile ».

Sensibiliser les professionnels

Parmi les pistes évoquées par le rapport, cinq axes et quinze recommandations pour mettre en place une éducation à l’égalité entre les filles et garçons dès la naissance, à travers le programme baptisé « PASS-ÂGE ». L’idée est « d’accompagner la découverte de la différence des sexes » chez les enfants mais également de sensibiliser les professionnels à la lutte contre les stéréotypes. D’abord, en élaborant un kit de sensibilisation de l’ensemble des crèches, dès 2013, à utiliser durant une journée pédagogique, et en proposant en parallèle un DVD de sensibilisation pour les parents. Il faudrait également « inscrire la démarche dans un réseau d’acteurs », en instituant un « pacte éducatif pour l’enfance », tout en veillant à enrichir les formations initiales et continues des professionnels et en « améliorant la mixité du personnel » de la petite enfance. Autre piste : consolider les bases théoriques en développant des études sur la déconstruction des stéréotypes. Enfin, Brigitte Grésy recommande de « mener une politique de communication et sensibilisation pour le grand public ». Autant de recommandations à étudier que la ministre des Droits des femmes propose de confier au Haut conseil à l’égalité hommes-femmes, sous la houlette de Danielle Bousquet. Avec à la clef des « pistes concrètes d'ici la fin de l'année ». 

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