Madame Jade et les jeunes vietnamiennes

Publié le Jeudi 21 Avril 2011
Madame Jade et les jeunes vietnamiennes
Madame Jade et les jeunes vietnamiennes
En direct de Sâ-Dec, Viet-Nâm. Portrait de dame, portraits de femmes...
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Madame Jade est vietnamienne, elle habite Ho Chi Minh City, ex Saigon. Guide de son état, elle accompagne les touristes de son français chantant (beaucoup) et trébuchant (un peu). Elle avait 15 ans quand les bombes "berçaient les saïgonnais" de jour comme de nuit, à l’école comme à la maison, et "tapissaient le sol". Elle avait 18 ans à la fin de la guerre, lors de la réunification. Juste avant l’autre guerre, celle d’avec les Khmers rouges armés par les Chinois, celle qui a encore fait 20 000 morts. Madame Jade doit avoir une bonne cinquantaine d’année, de sorte qu’elle est capable de parler aisément, et en connaissance de cause, "d’avant 1975" et "d’après 1975". Et comme toujours, et comme partout, il y a eu du bon et du moins bon, avant et aussi après 75…

Madame Jade est originaire du sud du Vietnam, du Mékong, de là où les gens sont plus aimables, plus souriants, et d’où les filles sont moins jolies mais plus gentilles. Justement, ces jeunes filles… Le Vietnam est composé de trois parties distinctes : le Nord, le Centre et le Sud. Le Nord est le plus industrialisé, c’est aussi la terre des résistants… La terre d’origine de la nation, historique et communiste. Le Centre est impérial, terre de la cité impériale et des traditions et des cultures séculaires. Le Sud lui est rural, ses peuples ont été moins "résistants", parfois "maquisards" mais toujours sensiblement assimilés aux colons français et à l’occupant américain. Son peuple a assaini le marécage du Mékong en creusant 3 000 kilomètres de canaux pour le conquérir aux Cambodgiens. Il continue encore de cultiver le riz, quatre récoltes par an, bien plus qu’au Centre et plus encore qu’au Nord. Un riz exporté vers la Thaïlande ou bien l’Afrique, mais pas vers les pays occidentaux car probablement encore imprégné d’une façon ou d’une autre des 72 millions de litres d’exfoliants (dont l’agent orange) déversés sur les terres du sud Vietnam par les américains pendant la guerre.

Madame Jade se désole de la docilité des Vietnamiens du sud. Elle se désole aussi de la naïveté des jeunes filles de ce sud Vietnam. Les speakers municipaux n’hésitent pourtant pas à les mettre en garde tout au long de la journée entre deux conseils de santé et de plantation. Mais l’attrait de la vie ailleurs, la magie des dollars sont plus forts. Les rabatteurs bien trop convaincants et leurs parents bien trop crédules. C’est ainsi qu’elles se retrouvent mariées à des Chinois ou bien à des Coréens du sud. Et plus elles sont jeunes, mieux c’est. L’étranger bénéficiera encore plus des pouvoirs attribués à leur virginité. Les rabatteurs en bénéficieront aussi, ils les vendront plus cher encore.

Madame Jade croise souvent ces jeunes femmes à l’aéroport quand elles reviennent de Chine ou de Corée visiter leurs parents. Enfin, quand elles reviennent, parce que souvent elles se suicident. Elles supportent mal d’être prostituées par leurs maris chinois une fois "consommées". Ils les refilent à leurs frères, oncles ou neveux, à leurs amis quand ils ne les revendent pas tout simplement. Parfois aussi, elles meurent sous les coups de leurs maris coréens si violents…

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