Société
#EtreTransCest, un hashtag fort pour dénoncer les violences transphobes
Publié le 3 août 2020 à 10:42
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Sur Twitter, la parole se libère pour rendre compte d'une transphobie toujours (trop) ordinaire. Cela fait quoi au juste d'être une personne transgenre en 2020 ? Entre préjugés, discriminations et craintes, les témoignages abondent et inquiètent.
Sur Twitter, la parole se libère pour dénoncer les discriminations transphobes. Sur Twitter, la parole se libère pour dénoncer les discriminations transphobes.© Adobe Stock
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Près de 5 000 tweets en quelques heures. Des témoignages qui entremêlent luttes et injonctions, harcèlement et violence médicale, santé mentale et inégalités de la vie professionnelle... Sur Twitter, le hashtag #EtreTransCest brosse un édifiant état des lieux d'une société encore trop peu inclusive, où les discriminations diverses se multiplient sans forcément alerter l'opinion publique. Raison de plus pour explorer ces publications aiguisées.

"Etre trans c'est demander à la personne qui organise une soirée si je peux me maquiller ou si je risque de me manger de la transphobie toute la soirée", "C'est voir tout le monde remettre en question ses ressentis et ses complexes", "C'est avoir peur pour ta vie quand un inconnu t'aborde dans la rue et toujours subir les mêmes moqueries en ligne de la part de personnes malveillantes"... D'une publication à l'autre, les vécus éclairent une violence à la fois verbale, physique, psychologique, et institutionnelle.

Institutionnelle, car elle émane tout autant de cette difficulté systématique "à trouver et accéder à des soins adaptés auprès de médecins à peu près bienveillants", assure une internaute. Sans oublier le parcours du combattant que représente bien souvent la dimension administrative : la reconnaissance de son identité par l'Etat. "Etre trans c'est s'exposer aux discriminations à l'embauche, au logement, aux droits sociaux, à la transphobie administrative, juridique et surtout médicale", synthétise une femme transgenre.

Un triste panoptique.

"Etre trans c'est être invisibilisé partout"

"Les préjugés à l'encontre des personnes transgenre sont nombreux et très ancrés : il s'agirait d'un choix ou d'une dérive, voire d'une maladie, nous serions instables, chercherions avant tout l'attention, les transidentités seraient une nouveauté, les transitions des mutilations, nous chercherions à 'convertir' ou à 'pervertir' les gens", nous expliquait déjà la militante Lexie en juin dernier. Et ce ne sont pas les observations énoncées sur Twitter qui vont contester ce panorama.

Du côté des réseaux sociaux, ce sont aussi les témoignages de "mégenrage" qui reviennent bien souvent - le fait de ne pas genrer correctement - ou de nier volontairement - le genre d'autrui. "Etre trans c'est voir constamment son genre être remis en question pour les autres, et c'est aussi devoir supporter les questions déplacées liées à ta sexualité et/ou à ton entrejambes alors que ça n'a rien à voir et ça ne concerne que toi et personne d'autre", s'attriste à ce titre une voix. Des réactions malheureusement typiques.

Régulièrement, elles émanent des non-concernés qui "prétendent tout savoir sur nos opérations et débattent de notre existence", déplore à l'unisson un twitto.

Mais des lignes inspirées par ce mot-clé viral en forme de prise de parole massive émanent tout de même des constats moins négatifs. Car parler aide aussi à rendre compte de son parcours personnel, de ce combat que l'on mène pour soi-même et pour s'accepter, envers et contre tout - une évolution ardue quand son environnement ne suit pas. "Parce qu'il faut aussi du positif, #EtreTransCest affronter mille épreuves et être fière de la personne que tu es devenue", décoche ainsi une voix anonyme. Un discours des plus inspirants.

"Etre trans c'est aussi être magnifique. Et ça force à développer des compétences sociales et de survies de ouf. Savoir se battre, savoir se défendre, se protéger, tout voir, tout capter, nous sommes en hypervigilance. On verra qui survit le plus longtemps à une apocalypse zombie", ironise en retour une voix anonyme. Une lutte qui se poursuit encore et toujours face aux réactions les plus haineuses. D'où l'importance d'être un·e allié·e.

"Le rôle des allié·e·s est de s'informer correctement en lisant les ressources à disposition, notamment sur les réseaux sociaux. Il faut prendre conscience de son privilège en tant que personne cisgenre et le mettre à profit pour aider les personnes transgenres. Par exemple : expliquer à ses autres amis·e·s cisgenres qu'il est important de suivre des comptes de personnes trans* militantes pour s'informer", nous détaillait il y a peu le féministe queer Léon Salin Chappuis. A bon entendeur.

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