"Noirs en France" fait resurgir l'injustice vécue par Surya Bonaly, Twitter s'indigne

Publié le Mercredi 19 Janvier 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
"Noirs en France" fait resurgir l'injustice vécue par Surya Bonaly, Twitter s'indigne
"Noirs en France" fait resurgir l'injustice vécue par Surya Bonaly, Twitter s'indigne
Diffusé mardi 18 janvier sur France 2, le documentaire "Noirs en France" est revenu sur la carrière de la patineuse artistique Surya Bonaly, et le jour où le titre de championne du monde a été donné à une autre, malgré sa supériorité technique reconnue.
À lire aussi

Au coeur de ce documentaire réalisé par Aurélia Perreau et Alain Mackanbou (à rattraper en replay), six hommes et femmes noir·e·s livraient leur quotidien, leurs combats personnels et la façon dont ils ont chacun·e été confronté·e·s au racisme.

Des témoignages auxquels étaient mêlés ceux de célébrités venant de divers milieux : musique avec Soprano, cinéma avec Jean-Pascal Zadi, politique, médiatique avec Karine Baste-Régis, académique avec Maboula Soumahoro et Pap Ndiaye, ou encore sportif avec Yannick Noah et Aya Cissoko... qui racontaient leurs propres expériences face caméra.

Et puis, Noirs en France est revenu sur le parcours de la patineuse française star des années 90, Surya Bonaly. Plus précisément, sa performance lors des championnats du monde du patinage artistique à Tokyo, en 1994.

"Si j'avais été blanche, j'aurais peut-être gagné une médaille d'or"

Ce jour-là, la quintuple championne d'Europe et triple médaillée d'argent aux championnats du monde dispute la finale et réalise son programme libre avec niveau irréprochable, de l'avis de tou·te·s. Tou·te·s, sauf visiblement le jury qui décide de couronner l'athlète japonaise Yuka Sato, alors que sa prestation est techniquement en-dessous, note le narrateur du film.

Au moment de la remise des médailles, révoltée par les résultats, Surya Bonaly arrive en retard et refuse de monter sur la deuxième marche du podium. C'est en pleurs qu'elle finit par accepter l'argent autour de son cou, mais retire la récompense quelques secondes seulement après l'avoir reçue, dépitée.

"Si j'avais été blanche ou Américaine, j'aurais peut-être gagné une médaille d'or aux JO ou aux championnats du monde", déclarera-t-elle par la suite.

Une séquence qui a particulièrement ému les internautes, dont nombreux·ses ont posté des messages de compassions à son sujet. "A chaque fois que je revoie l'histoire de Surya Bonaly j'ai les larmes", écrit un jeune homme. "La violence qu'elle a du subir." Une utilisatrice commente à son tour : "je me souviens de ses larmes mais je n'avais pas conscience à l'époque de ce qu'il y avait derrière, toute l'injustice et le racisme qu'elle avait du subir."

Afin de mettre en lumière le "le parcours d'une grande championne, une icône au palmarès rare et précieux", un biopic sous forme de série est en préparation par la réalisatrice Audrey Estrougo. Auprès du Figaro, celle-ci ajoute : "C'est aussi le portrait d'une héroïne hors norme qui lutte pour s'émanciper et s'affirmer dans l'univers des années 1990. Le combat d'une femme noire pour la justice et l'égalité."