Angelina Jolie déclare son amour aux "femmes maléfiques" (et c'est magnifique)

Publié le Mardi 06 Août 2019
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Angelina Jolie délivre une ode à l'empowerment.
Angelina Jolie délivre une ode à l'empowerment.
Sorcières, femmes de pouvoir, "perverses"...Dans les pages du magazine "Elle", l'actrice, productrice et militante Angelina Jolie consacre une magnifique tribune à toutes les victimes et résistantes du patriarcat.
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"Pourquoi le monde a besoin de plus de femmes maléfiques". Ce titre badass en jette, n'est-ce pas ? Il est signé Angelina Jolie. Dans cette tribune publiée du côté du magazine Elle, l'une des vingt femmes les plus admirées au monde profite de la promotion de Maléfique : le pouvoir du mal (la suite du néo-classique Disney) pour nous offrir un petit précis d'empowerment. Un texte qu'elle adresse aussi bien à ses filles qu'aux femmes du monde entier...et aux hommes qui feraient bien de les soutenir et de les comprendre.

"Il peut être difficile de prendre le temps de se demander qui nous voulons vraiment être", avoue d'emblée l'actrice. Lorsque l'on est femme, suppose-t-elle, c'est l'inverse qui se produit, très tôt : non pas ce que l'on désire être, mais ce qu'il faudrait être. Et que ne doit-on pas être ? Une femme "maléfique", "mauvaise", "perverse". Ces "maléfiques" ce sont ces femmes qui depuis des temps immémoriaux "se rebellent contre ce qui est considéré comme normal par la société - même involontairement", nous explique-t-elle dans cet essai très passionné. Des femmes forcément dangereuses...

"Les femmes en ont assez des injustices"

"Si j'avais vécu dans le passé, j'aurais pu être brûlée plusieurs fois pour avoir été moi-même", décoche la comédienne. Car les femmes "maléfiques" chères à Angelina Jolie sont celles, libres et indépendantes, que la société a toujours vouées aux bûchers, que ce soit pour leur "vie sexuelle", leurs ambitions politiques ou, simplement, leur façon de s'habiller et de marcher dans la rue. Non contente d'évoquer les figures iconiques de l'Ancien Testament, le procès des sorcières de Salem ou encore celui de Jeanne d'Arc, l'artiste loue les voix dissonantes des prétendues "mauvaises mères" et "femmes perverses". Toutes celles "qui refusent de suivre des règles qu'elles ne pensent pas 'bonnes' pour elles-mêmes ou leur famille". Et pas la peine de sortir le manuel d'histoire pour en trouver. Il suffit d'ouvrir le journal.

 

Cette ode aux "maléfiques" est l'occasion pour Angelina Jolie de balayer un tas d'injonctions. La culpabilité et la honte que l'on fait peser sur les mères et celles qui revendiquent le droit à disposer librement de leurs corps. L'oppression que subissent celles qui pour autant "ne renonceront pas à la parole et à leurs droits, au risque de mourir, d'être emprisonnées ou de se faire rejeter par leur famille". A l'image de ces courageuses réfugiées afghanes que l'artiste évoque dans son article. Mais Angelina Jolie tacle aussi le topos de la "femme forte", façonné pour faire croire aux femmes qu'affronter le patriarcat serait un choix ou une simple question de volonté. Or, ce patriarcat et les injustices qui vont avec, elles ne les ont pas choisis (spoiler alert). "Les femmes ne se lèvent pas tous les matins pour se battre, tout le monde n'est pas né pour se battre", écrit avec justesse la comédienne.

"Les femmes dites 'perverses' sont juste des femmes qui en ont assez des injustices et des abus", conclut-elle à travers ce discours post-#MeToo des plus salutaires. C'est vrai, l'actrice l'avoue, non sans regret : "nous n'avons pas de pouvoirs magiques". Mais son super "mauvais sort" à elle porte un nom : la sororité. Une solidarité féminine, et plus encore féministe, à laquelle elle voue une estime sans bornes. "Ce que nous avons, c'est la capacité de nous soutenir mutuellement et de travailler avec les hommes qui nous respectent", dit-elle. Les sorcières des derniers millénaires peuvent être fières.