Ce que l'explosion des cas de bébés secoués à Paris révèle

Publié le Vendredi 02 Septembre 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
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Les chiffres sont particulièrement préoccupants, et en disent long sur le manque d'accompagnement dont souffrent les parents. En région parisienne, le nombre de bébés secoués a doublé en 2021.
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C'est une étude menée par l'hôpital Necker (Paris) et publiée dans le Journal of the Amercan Medical Association qui révèle une réalité effroyable. En 2021, les cas de bébés secoués n'ont pas seulement augmenté : ils ont doublé. Le syndrome du bébé secoué, ou SBS, survient lorsqu'un très jeune bébé est violemment secoué par un·e adulte. C'est également "la forme la plus grave de maltraitance et de négligence envers les enfants et la cause la plus fréquente de décès traumatique chez les nourrissons dans les pays à hauts revenus", explique l'AFP. Un enfant sur 10 en meurt.

Et pour ceux qui y survivent, ce n'est pas sans de graves séquelles neurologiques. Le site du ministère de la Santé énumère notamment des déficiences intellectuelles, visuelles ou motrices, ainsi que des troubles du comportement, de la parole ou de l'attention.

La question sur laquelle se sont penché·es les spécialistes de la petite enfance est la suivante : pourquoi cette croissance fulgurante, et comment y pallier ?

Un "problème sociétal"

Pour le pédopsychiatre Stéphane Clerget, ces chiffres ne sont pas étonnant au vu du contexte. "les familles qui dysfonctionnaient se sont retrouvées sans aide", détaille-t-il auprès du Parisien. "Il y a eu moins de prévention, plus de consommation d'alcool et de stupéfiants. Les confinements ont aussi grevé l'accès à l'IVG, entraînant plus de naissances non ou peu désirées. Autant de facteurs qui favorisent la violence sur les plus petits."

Selon lui, ce constat "signale un problème sociétal". Et d'enjoindre : "Il faut tordre le cou à l'idée que ce qui se passe chez le voisin ne nous regarde pas. Quand on entend des cris, des pleurs, il faut tendre la main plutôt que de penser que l'autre est un beauf." Mieux prévenir ce fléau passe donc par une meilleure écoute des parents, du père comme de la mère, et un encouragement à se confier auprès de professionnel·les. Mais aussi d'engager la conversation avec l'assistant·e maternel·le.

"Il faudrait aussi des vigies pour s'assurer que les assistantes maternelles vont bien, ne sont pas épuisées, au bord du burn-out. Des professionnelles de la petite enfance en forme et motivées, c'est aussi un défi pour la société, exactement comme pour les soignants." Et l'expert de conclure au quotidien : "C'est un des enjeux de la crise actuelle."