"Réveillez vous, c'est pas un jeu vidéo pour les gosses !"
Elle fait grand bruit, l'apparition annoncée de Sabrina Carpenter dans l'un des jeux vidéo les plus acclamés des années 2010 et 2020 : Fortnite. Dans ce jeu dont la communauté est hyper active en ligne, on peut modeler des skins (des avatars) à l'effigie de personnages cultes, ou personnalités, de la culture populaire.
Vous vous doutez bien que l'interprète d'Espresso, célébrée des Grammys aux charts et sidérant le monde avec sa tournée internationale (elle a même enflammé l’Accor Arena de Paris), ses happening étonnants sur scène et sa personnalité très décalée, ne pouvait échapper au phénomène. On imagine pas aujourd'hui chanteuse plus iconique que Sabrina Carpenter, de ses looks à ses mimiques.
D'autant plus que Fortnite est un jeu vidéo qui a pour gimmick ses danses emblématiques.
Et niveau chorégraphies, Sabrina Carpenter se pose là. Lors de ses concerts, elle multiplie les mouvements-signatures, déjà entrés dans la légende de l'industrie. Comme ses fameuses et très controversées... Juno Poses : les positions Juno, du nom de sa chanson éponyme, présente dans son dernier album. Dès qu'elle interprète celle-ci lors de ses concerts, Sabrina Carpenter suggère effectivement via une subtile chorégraphie... une position sexuelle différente, à chaque fois, sur les paroles suivantes : “Have you ever tried this one ?” (avez-vous déjà essayé celle-ci ?).
C'est devenu une tradition, un geste viral, attendu par ses millions de fans
Oui mais voilà : certains s'inquiètent apparemment de voir ces "traditions" déployées dans le monde de Fortnite. Et ces réactions cristallisent surtout une chose qui perdure : la peur que suscite chez bien des hommes (et même des femmes) la sexualité libre et décomplexée de Sabrina Carpenter.
On vous explique tout.
"Longue vie à Sabrina Carpenter et à ses Juno poses !", clamait-on récemment sur Terrafemina.
Mais certains s'offusquent de ces trouvailles qui exaltent les fans.
"Pourquoi être toujours à moitié à poil ?", "Quand le manque de fond est comblé par le manque de tissu", "On peut être sexy en gardant du tissu sur soi", "Dommage d'apprendre aux femmes à être sexy pour gagner de l'argent", "elle doit se déshabiller pour remplir les caisses", "la tenue ne sert pas la cause des femmes", "Pourquoi il faut toujours se déshabiller", "Elle comble sa faible voix par sa vulgarité et sa nudité", avait-on pu lire sur les réseaux sociaux lors de ses derniers concerts, notamment son arrivée spectaculaire à Bercy.
Des réactions déplorables. Pourquoi ?
Car par-delà l'évident sexisme, c'est ignorer tout de Sabrina Carpenter et de ce qu'elle représente.
A savoir, son personnage de pin up moderne, ses tenues exubérantes témoignant d'une direction artistique très cohérente (Sabrina Carpenter remet au goût du jour la lingerie, même la plus vintage, entre bas résilles et porte jarretelle, et c'est féministe : lire notre portrait à ce sujet), son public (essentiellement féminin, et en partie LGBTQ, la chanteuse était devenue une icône pour la culture lesbienne, notamment depuis son baiser décoché à Jenna Ortega, on vous l'explique ici), ses paroles, et... Son rapport libre, sain, réjouissant, au corps, au sexe, au plaisir.
Ce qui n'enchante guère les misogynes. Le cas Fortnite le démontre, voyez plutôt...
On peut effectivement lire sur les réseaux sociaux des comparatifs entre ces apparitions vidéoludiques et... Les hentai, ces dessins animés japonais pour adultes mettant en scène une sexualité explicite, héritée du cinéma X. Alors que l'on parle bien ici d'une chanteuse qui se contente de déployer ses chorégraphies en lingerie et de partager quelques sous entendus potaches. C'est par exemple ce qui se lit dans l'espace commentaires du post du TMZ partagé ci contre.
D'autres s'offusquent qu'un jeune public, féru de l'univers Fortnite, soit perverti par l'apparition de Sabrina Carpenter et surtout les détournements possibles... Comme si la chanteuse était le problème dans cette équation, et pas la misogynie éventuelle d'un public avide de se réapproprier son image à des fins malveillantes.
On peut davantage s'inquiéter des débordements éventuels inhérents à la réception d'une figure comme Sabrina Carpenter par une communauté de joueurs masculins pas toujours très "progressistes" sur toutes ces questions là. Certains ne comprennent effectivement pas la différence entre une jeune femme qui revendique sa sexualité, comme une forme d'émancipation, et la grivoiserie la plus ouvertement régressive et toxique qui découle de certains commentaires à son sujet sur la Toile. Une partie de la réponse se trouve dans la notion de consentement.
Toujours est-il que c'est encore le "slut shaming" qui se retrouve au coeur de ces remarques : le fait de juger une femme sur sa sexualité supposée, en fonction de ses tenues, ses attitudes, ses déclarations. Sabrina Carpenter assume quant à elle ses choix, sa personnalité, sa garde robe estampillée Victoria's Secret. Et de la scène au gaming, étend plus que jamais son aura légendaire.
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