Chômage : Pôle Emploi frise « l'implosion »
Publié le 17 janvier 2012 à 11:58
Par La rédaction
Le Parisien publie mardi une enquête qui dresse « un tableau accablant » de la situation du Pôle Emploi, « au bord de l'implosion ». En cause, des conseillers qui doivent suivre un nombre de cas bien supérieur aux chiffres officiels, et qui improvisent alors des méthodes pour gérer au mieux le désarroi des demandeurs d’emploi.
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Lors du sommet social ou « sommet de la crise » organisé mercredi à l’Élysée pour relancer la lutte contre le chômage, la situation critique du Pôle Emploi figurera probablement au centre des revendications des syndicats. « Pôle emploi a supprimé 1 500 postes en trois ans, il faudrait au minimum en recruter autant », a déclaré François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, au journal Le Parisien, qui publie mardi une enquête dressant un « tableau accablant » du Pôle Emploi. L’agence, née en 2008 de la fusion de l’ANPE et des Assedic, est « au bord de l’implosion », selon le journal. L’ambition d’un suivi personnalisé des demandeurs d’emploi, pouvant tisser une dynamique de recherche d’emploi positive avec un interlocuteur unique ne ressemble plus qu’à une vague chimère, tant les effectifs des conseillers sont inadaptés à l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi. Le quotidien rappelle que « près d’un million de personnes supplémentaires se sont inscrites à Pôle Emploi entre 2008 et 2011 ».

Au cœur de la crise du Pôle Emploi, le nombre de demandeurs d’emploi dont chaque conseiller est censé s’occuper. L’agence reconnaît que les 60 personnes théoriquement suivies par chaque conseiller avoisinent en pratique une moyenne de 115 personnes. Mais selon les calculs réalisés par Le Parisien selon sa propre méthode, ces chiffres « sont très loin de refléter la réalité ». L’enquête a relevé qu’un conseiller du Val-de-Marne, censé suivre 153 personnes, en suit en réalité 193. C’est 198 en Seine-Saint-Denis, en dépit du chiffre officiel de 160 demandeurs d’emploi. Le journal estime que dans ces deux départements « la moyenne flirte avec les 200 chômeurs par conseiller ». Comment comprendre l’écart entre les statistiques officielles et les chiffres « procurés en interne » par le quotidien ? Les syndicats interrogés parlent de chiffres « manipulés », via une méthode qui consiste à comptabiliser comme conseiller des personnes qui ont fini leur CDD, qui sont en arrêt maladie ou mutées dans d’autres agences, ou qui ne reçoivent jamais personne car elles sont responsables d’agence, comme l’explique une déléguée SNU-FSU.

Au siège du Pôle Emploi, pas de politique de l’autruche : on reconnaît les difficultés mais on évoque surtout un manque de moyens, comme ce porte-parole qui explique que « la réalité des finances publiques du pays fait que nous n’avons pas de marge de manœuvre budgétaire à Pôle Emploi. En clair, pour l’heure, on ne peut pas embaucher ». La crise avait déjà contraint l’agence de modifier ses objectifs : les 60 suivis par conseiller décidés en 2008 sont passés à 115. Et les effectifs de l’agence ne sont pas prêts d’être étoffés : « les 1 500 CDD appelés en renfort en 2009 et 2010 sont arrivés à terme », à quoi il faut ajouter 300 départs à la retraite qui n’ont pas été remplacés l’an dernier selon les syndicats. Face à cette situation explosive, le nouveau directeur général du Pôle Emploi, Jean Bassères, qui a remplacé Christian Charpy en décembre dernier, a opté pour un changement de stratégie net. Fini le suivi mensuel, l’approche sera plus « pragmatique ». La priorité sera donnée aux personnes qui en ont le plus besoin, notamment les jeunes et les seniors, qui seront reçus une fois par mois, contre une fois tous les trois mois pour les autres, avec un grand entretien au neuvième mois, comme l’explique un porte-parole. Mais comment identifier les profils urgents ? « Pôle emploi a décidé de laisser plus d’autonomie aux conseillers », répond ce porte-parole. Une autonomie qui a déjà cours sur le terrain. De nombreux conseillers ont rapporté au Parisien la mise au point de méthodes de travail improvisées « en douce » pour faire face au flux de demandeurs d’emploi, notamment le téléphone et les séances groupées.

Élodie Vergelati

(Source : Le Parisien)

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