Sexe, voyages, introvertis : 8 Ted Talks de femmes super inspirantes à mater

Publié le Jeudi 30 Janvier 2020
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Marion Séclin, "championne de France de cyber harcèlement".
Marion Séclin, "championne de France de cyber harcèlement".
Mort, sexe, voyages, génie artistique... Les conférences TedX (ou "Ted Talks" dans le jargon) n'en finissent pas de nous inspirer. Portées par les personnalités de leurs oratrices, elles décomplexent et motivent à bloc. La preuve par 8.
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Vous connaissez forcément les conférences TED (Technology, Entertainment & Design). Ces séries d'exposés, de performances oratoires et de témoignages étendues aux quatre coins du monde, d'une durée maximum de 18 minimum sont filmées et réunies sur une chaîne YouTube gorgée de vidéos, cumulant plus d'un milliard de vues. On visionne ces prises de parole très ludiques pour s'instruire et vibrer, s'amuser et s'émouvoir. Toutes les sensibilités et les idées s'y enlacent en un panorama vertigineux d'expériences personnelles aux résonances universelles.

Mais déambuler dans ce flot de "Ted Talks" n'est pas toujours chose aisée. Voici donc notre petite sélection perso de conférences, qui portent en elles autant de dictons inspirants. Des paroles de femmes qui captivent, transmettent et motivent.

La beauté est une illusion

Vous connaissez peut-être les vidéos YouTube de Charlie Danger - de chic leçons de vulgarisation historique intéressantes et toujours ludiques. A travers ses prises de parole, en vidéo ou sur les réseaux sociaux, la vidéaste n'hésite jamais à tacler les a priori sexistes. C'est le cas dans ce Ted Talk où la jeune femme interroge notre propre conception de l'apparence. En évoquant, forcément, le regard que l'on s'adresse dans le miroir. Mais aussi celui qu s'attarde (bien) trop longtemps, sur notre fil Instagram. Et peut, à force, provoquer la dépression - surtout chez les jeunes femmes.

Car notre rapport au corps n'est jamais simple. En évoquant notamment les travaux des gender studies, Charlie Danger explique dans quelle mesure notre obsession de la beauté et du physique aboutit fâcheusement à une forme de rivalité féminine. C'est cet idéal de l'ère Photoshop ("Etre la plus belle") qui dicte les pires jugements de l'époque contemporaine - du slut-shaming au fat shaming. Une "contagion sociale" qu'il faut prévenir pour mieux guérir. En parler est déjà un bon début, surtout quand c'est si bien dit.

Le sexe, ce n'est pas (vraiment) ce que vous pensez

Des pages du Monde à celles de GQ, la plume de Maïa Mazaurette détricote depuis plusieurs années déjà nos préjugés les plus paresseux sur le sexe. Une approche du "sexo" assurée à grands coups de "socio", non sans irrévérence bien sûr. Alors que l'autrice attaque 2020 en force avec la sortie de deux nouveaux livres (Sortir du trou. Lever la tête et Le sexe selon Maïa – Au-delà des idées reçues), il est plus que temps de (re)découvrir cette conférence riche de sens sur la "chose".

A grands renforts d'expériences scientifiques et de cartographie, la journaliste nous dévoile la vérité nue du sexe, aux antipodes des fantasmes les plus vieillots. Il est question de BDSM, de sex-toys, de dirty talking et autres joyeusetés.

On appréciera entre autres tirades la façon (jouissive) avec laquelle la chroniqueuse remet en question notre manière de parler de la sacro-sainte pénétration. Une façon problématique, mais à peine interrogée. Et si, pour libérer les corps, il fallait libérer la parole ? Celle de Maïa Mazaurette, en tout cas, est toujours libre. Elle rappelle les mots de Mary Roach, à qui l'on doit une tout aussi salvatrice conférence sur le sexe - et plus précisément, sur ce grand mystère qu'est l'orgasme. Stimulant !

Et si partir, c'était nul ?

Aaah, Paname, le rêve parisien, la grande ville, le désir pressant des grandes échappées, le besoin de sortir de son "trou" et d'élargir ses horizons vers l'ailleurs... Mais si tout cela, c'était nul ? La question mérite d'être posée, et personne ne le fait mieux que Céline Coulon. Autrice et poétesse (il faut lire Une bête au paradis, récompensé l'an dernier par le prix Le Monde), la vingtenaire explique en une poignée de minutes pourquoi jamais, ô grand jamais, elle ne quittera ses terres natales. Son discours n'est pas juste une déclaration d'amour à l'Auvergne, mais une ode décomplexée aux "blaireaux" - vous savez, ces animaux qui ne veulent pas changer de terrier.

La voix apaisée de Céline Coulon déboulonne bien des injonctions, de ces conseils ronflants dont nous abreuvent les coachs de vie et les rubriques Psychologie des magazines, telle cette nécessité de "sortir de sa zone de confort" et autres billevesées. Et si ce besoin était absurde ? Mieux encore, et si ce culte de la réussite que l'on nous vend - et qui passerait forcément par Paris - avait tout du mythe si ce n'est du "mytho" ? Autant d'interrogations pertinentes décochées avec beaucoup de malice, d'humour et de légèreté.

On peut (trop) facilement devenir "championne de France de cyber-harcèlement"

Des centaines de commentaires haineux, une vague considérable de harcèlement en ligne, de très nombreuses menaces de mort... Tout cela, Marion Séclin l'a vécu, très longtemps, trop longtemps. Et le temps d'une conférence Ted X, l'actrice et militante féministe revient sur ce fléau toujours aussi intact en 2020 : le cyber-harcèlement. Un phénomène dont elle se dit "championne de France". Et sa voix est libératrice. Pas simplement parce qu'elle affiche haut et fort les mots et noms de tous ceux qui, derrière leur écran, l'ont noyé d'insultes et de menaces diverses - ils sont des dizaines de milliers. Mais également parce qu'elle relate tout, vraiment tout. La manière dont la loi traite ce type d'agressions. Les conséquences de cet acharnement sur la victime. La banalisation du cyber-harcèlement dans la vie des adolescentes. Et, surtout, les responsabilités de chacun et chacune face à ce phénomène trop banalisé.

Par-delà ce récit (puissant) s'immisce une conclusion en forme de leçon de vie. Car Marion Séclin nous apprend également comment retrouver cette bienveillance si malmenée sur le web - et l'alimenter. Cela ne tient qu'à nous, en vérité, et cela ne prend qu'un clic.

"Je vous propose juste de donner l'exemple, de communiquer votre satisfaction en ligne. Votre amour, pourquoi pas. Ou juste votre présence. De commenter, de liker, de mettre un pouce bleu et de mettre un commentaire constructif, même s'il est négatif. Si on crie plus fort notre satisfaction, on n'entendra plus du tout ceux qui crient leur haine", dit-elle. Le genre d'idéal qu'on a envie de partager.

Les introvertis ont du pouvoir, et voici pourquoi

Etre introverti, ce n'est pas un défaut, c'est un pouvoir. Il est bien inutile de blâmer celles et ceux qui ne parlent pas assez fort ou assez bien, se cachent des projecteurs et cherchent la discrétion. Pourtant, ces grand·es timides sont loin d'être valorisé·es dans la société actuelle. A tort, nous explique l'autrice américaine Susan Cain dans cette conférence pleine de bienveillance, inspirée de son best-seller éponyme - Quiet: The Power of Introverts in a World That Can't Stop Talking (La force des discrets : Le pouvoir des introvertis dans un monde trop bavard en français).

Saviez-vous que les plus grands leaders étaient de vrais introvertis ? Que la solitude pouvait être "une force transcendante" ? Que le calme pouvait être synonyme de changement ? Ce sont ces arguments, et bien plus encore, que dicte l'enthousiaste oratrice tout au long de cet exposé plus qu'inspirant. Si ce genre de philosophie ravit vos esgourdes, foncez écouter la conférence de Brené Brown sur "le pouvoir de la vulnérabilité". Car il est plus que temps d'assumer ce que les plus médisants considèrent comme des faiblesses.

Notre génie créatif est insaisissable

Quoi qu'en dise notre éternel "syndrome de l'imposteur", le "génie créatif" existe bel et bien, et nous n'en sommes jamais très loin. Mais l'on dit tant de choses sur la création. Le processus et l'attitude qu'elle exige, le cliché de l'artiste maudit, le grand mythe de la souffrance comme élément indissociable de la création artistique. Voire même, le fantasme de "l'inspiration divine".

Autant de choses vieilles comme le monde que la didactique et passionnante Elizabeth Gilbert décortique durant cette conférence très habitée. En auscultant le caractère "insaisissable" de la création, l'autrice nous décomplexe à fond. Son exposé salutaire - visionné plus de quatre millions de fois - nous invite à prendre en mains notre propre potentiel artistique et à ne jamais douter de ce que l'on sait faire de mieux. Et ça fait du bien.

Comment accepter la mort (en bossant avec elle)

Nombreux sont les TedTalks qui abordent la mort, ce tabou ultime. Le décès d'un proche, les angoisses existentielles, ce qu'elle provoque dans notre cerveau (voir l'excellente conférence de Jill Bolte Taylor ) voire même les fameuses "near-death experiences", c'est-à-dire les témoignages de celles et ceux qui se sont sentis "partir" quelques minutes. Mais la lumineuse Caitlin Doughty a une manière bien à elle d'explorer le sujet, et pour cause... elle en a fait son métier. La conférencière est effectivement employée des pompes funèbres. Et côtoyer des cadavres est aussi ordinaire pour elle que de siroter son café le matin. Mieux encore, ces cadavres ont changé sa vie !

En débutant ce job, l'oratrice a eu l'impression d'être plongée dans un vrai film d'horreur, style L'autopsie de Jane Doe. L'appréhension la gagnait, si ce n'est l'effroi. Mais très vite, son point de vue a évolué. En découvrant les rites mortuaires (de la morgue mais aussi des autres civilisations) et l'importance de l'hommage aux morts, Caitlin Doughty a compris la force culturelle et symbolique de ce trépas que l'on nous cache (en société) où dont l'on nous abreuve (dans les médias).

Elle a même tellement appris de cette expérience qu'elle a fini par ouvrir son premier salon funéraire. La mort lui va si bien ! On retrouve là l'une des grandes forces des TedX : faire en sorte de bouleverser notre point de vue sur le monde, en changeant simplement d'axe - et si possible, en choisissant le plus insolite de tous.

Ce que les voyages nous apprennent

"Ah les voyages ! Aux rivages lointains, aux rêves incertains, que c'est beau, les voyages", chantait Barbara. Si certains voyages sont de profonds fiascos, d'autres changent des vies. A l'image du périple vécu par la surprenante Marine de Nicola. Partie en Chine afin de participer à une compétition internationale de mandarin, la jeune femme en repart avec la gloire : sa participation à un télé-crochet local l'érige en popstar phénoménale. En Chine, on la connaît désormais sous le nom de MoMo. Mais deux ans après cette pluie de paillettes, son existence est une nouvelle fois bouleversée, alors qu'elle n'a que 24 ans. Par un obstacle de taille : la maladie.

Le récit de cette aventurière nous fait passer en une poignée de minutes seulement par bien des coins du globe, de l'Angleterre à la Chine en passant par la France. De la success story aux drames personnels, le témoignage de Marine De Nicola est avant tout une invitation au voyage, comme moyen de s'ouvrir à l'autre et à toutes les perspectives qu'il offre, dépasser les barrières que la vie nous impose parfois et accepter l'inattendu quand il surgit. Dans l'esprit de la conférencière, demeure une grande conviction : "j'ai envie de parler avec le plus de gens possible". C'est certainement de là qu'éclot l'authenticité de son discours.