Décourageur de maîtresse, le métier qui cartonne en Chine

Publié le Lundi 25 Janvier 2016
Marie Chaumière
Par Marie Chaumière Journaliste
Image tirée d'"In the mood for love"
Image tirée d'"In the mood for love"
En Chine, on peut engager les services d'un conseiller conjugal pour dissuader la maîtresse de son mari de poursuivre sa liaison avec lui. Une métier d'un nouveau genre qui fait de plus en plus d'émules, au point que certains réclament une réglementation de cette profession en plein boom.
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Alors qu'en 2015, 74,6% des divorces en Chine étaient dus à des liaisons extra-conjugales, d'après le Centre de recherches et de conseils pour le mariage et la famille chinois, un nouveau métier vient de voir le jour : le décourageur de maîtresse. Ce conseiller marital d'un nouveau genre, engagé la plupart du temps par une épouse délaissée par son mari, est rémunéré pour intervenir auprès de la femme avec laquelle celui-ci la trompe dans le but de convaincre cette dernière de mettre un terme à sa liaison.

Pour ce faire, ces experts passés maîtres dans l'art de la manipulation emploient toutes sortes d'arguments. Il s'agit bien évidemment de faire comprendre à la maîtresse en question qu'en entretenant une relation avec un homme marié, elle brise un ménage et menace le bonheur du ou des enfants du foyer. Les décourageurs de maîtresse n'hésitent pas non plus à rappeler à l'amante en question que son attitude va à l'encontre de la moralité.

"Nous essayons de persuader les maîtresses en leur montrant la perspective d'une mère ou d'un père. C'est un argument imbattable qui impressionne de manière efficace les personnes extérieures, explique au blog China Daily Luo Rong, un avocat devenu décourageur de maîtresse qui vient de fonder son entreprise à Chengdu. Ces conseillers ne se contentent pas de convaincre les amantes de mettre fin à leur liaison adultérine ; ils les aident aussi parfois à trouver l'amour auprès d'une personne disponible.

Le succès que rencontre cette profession s'explique notamment par con côté lucratif : d'après BFMTV, les conseillers factureraient la coquette somme de 37 000 euros par dossier. Devant ce marché potentiel, des formations ont déjà vu le jour, et leurs tarifs n'ont rien à envier à ceux des écoles de commerce : pour six mois de cours, il faut débourser environ 45 000 euros.

Cependant, certains s'inquiètent des méthodes employées par ces conseillers, qui ne s'embarrassent pas toujours de scrupules et vont jusqu'à surveiller, voire harceler leur proie. "Un décourageur de maîtresse ne devrait pas utiliser du matériel illégal pour filmer ou prendre des photos en secret afin de rassembler des informations. Mettre en danger la sécurité d'un homme ou d'une femme est illégal", explique Chen Qingguo, un avocat de Chengdu. "C'est une industrie jeune qui ne peut pas se permettre un scandale lié à des fuites d'information privées. Il est très risqué pour les clients de travailler avec des professionnels à l'éthique douteuse", ajoute-t-il.

D'après les chiffres du département des affaire civiles du Sichuan, en 2014, un divorce a été prononcé toutes les deux minutes dans la région.