Aux Etats-Unis, des "fausses cliniques" piégent les femmes qui veulent avorter

Publié le Vendredi 08 Juillet 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
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Elles se font passer pour des "centres de crise pour grossesse" et campagnent en réalité contre l'avortement.
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Le concept semble tout droit sorti d'un épisode de The Handmaid's Tale. Pourtant, il n'a rien de fictionnel. Aux Etats-Unis, des structures ont pour objectif de contacter des femmes souhaitant avoir recours à une interruption volontaire de grossesse, dans l'unique but de les en dissuader. Et les moyens utilisés sont particulièrement violents et insidieux, rapportent celles qui ont franchi leurs portes sans savoir ce qui les attendait.

Jennifer, militante pro-avortement, raconte à France 24 : "Les fausses cliniques se placent souvent à proximité des vraies cliniques ou du planning familial. Les personnels s'habillent comme des médecins, mais ils ne le sont pas (...) Ce sont juste des gens avec de fortes convictions religieuses."

Et de détailler : "Ils ne diront pas qu'ils sont contre l'avortement avant que vous ne soyez dans leur établissement. Si vous appelez avant, ils diront : 'Venez confirmer votre grossesse, nous vous ferons passer une échographie', et proposeront toutes sortes de choses gratuites. L'objectif, c'est de vous faire franchir le pas de leur porte, par tous les moyens possibles, pour ensuite tout faire pour vous dissuader d'avorter."

Des lieux qui jouent sur la précarité et la désinformation

Le personnel de l'établissement va par exemple faire croire à la personne venue consulter que sa grossesse est plus avancée qu'elle ne l'est, faire écouter le battement de coeur du foetus, ou encore participer à une désinformation nocive, en affirmant que l'avortement augment l'infertilité.

"Ces cliniques ont beaucoup de ressources (donateurs religieux ou argent public, ndlr), elles peuvent faire beaucoup de publicité et proposent toutes sortes de choses gratuites. Et cela peut être très attrayant vu qu'aux États-Unis, nous n'avons pas de sécurité sociale et que consulter une vraie clinique coûte cher", explique encore Jennifer. Un fléau d'autant plus dangereux maintenant que la loi garantissant le droit à l'avortement sur le territoire américain a été révoquée.

La jeune femme conclut : "Avec ce qui se passe aujourd'hui, notre combat, c'est de continuer de donner des informations correctes sur l'avortement et de dénoncer ces fausses cliniques."