Les féminicides ont explosé en 2021 : on fait quoi pour la "grande cause du quinquennat" ?

Publié le Lundi 29 Août 2022
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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122 femmes auraient été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon en 2021 d'après les dernières statistiques dévoilées du gouvernement. Un chiffre qui alerte les associations féministes et interroge sur la grande cause du nouveau quinquennat d'Emmanuel Macron.
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122 femmes auraient été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon en 2021, soit une femme tuée tous les deux jours et demi. Voilà le dernier rapport du ministère de l'Intérieur publié ce 26 août. En un an, on observerait donc une augmentation de 20 % du nombre de féminicides. Parmi ces victimes, 32% avaient déjà subi des violences antérieures et 64% avaient signalé ces violences aux forces de l'ordre. Un bilan accablant. Et cela n'est pas près de s'arrêter.

Cet été encore, le collectif "Féminicides par compagnon ou ex" observait une hausse inquiétante des féminicides - 72 depuis le début de l'année et 18 féminicides entre le 1er juillet et le 15 août. Ces chiffres alertent les associations féministes, qui exigent prévention et action immédiate.

"On a affaire à une forme de violence qui est endémique, qui est ancrée, presque culturelle en France en 2022. Les femmes sont en danger d'abord et avant tout chez elles car c'est au sein de leur domicile que les meurtres ont lieu. Les hommes tuent leur femme parce qu'ils se sentent autorisés à le faire légitimement", a déploré l'avocate Anne Bouillon sur FranceInfo.

Comment lutter ?

Les militantes féministe ont ainsi interpellé le gouvernement face à ces chiffres alarmants et alors même qu'Emmanuel Macron a choisi de faire de l'égalité femmes-hommes une nouvelle fois "la grande cause" de son nouveau quinquennat.

"Un bilan glaçant. Il aurait fallu redoubler les efforts. Mettre plus de moyens. Nommer des ministres pour qui c'est important. En faire une priorité politique continue. Les féminicides c'est tous les ans. C'est pas un effet de mode. Il faut une volonté tenace pour y venir à bout", a notamment déploré Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes.

Dès lors, comment agir ? A ce sujet, l'avocate Anne Bouillon rappelle l'importance des ordonnances de protection, qui limiteraient en partie ces chiffres comme le détaille 20 Minutes, mais aussi la nécessité d'accorder un budget plus ample à la prévention et à la protection des victimes de violences, comme en Espagne. Le modèle espagnol et son milliard d'euros pour lutter contre les violences faites aux femmes avait pourtant été évoqué par Elisabeth Moreno, ancienne ministre à l'égalité. Mais toujours rien à l'horizon...

"Lorsqu'une femme signale des violences, il faut mieux évaluer le danger qu'elle encourt. Mais on doit aussi progresser dans le repérage des violences : permettre aux femmes de s'exprimer, de dire les faits subits", avance de son côté Françoise Brié, directrice générale de la Fédération nationale Solidarités femmes (FNSF). Bien des voix militantes exigent une meilleure application des mesures de protection.

A France 24, la militante du collectif féministe #NousToutes Pauline Baro en appelle quant à elle à "assurer l'éducation à la vie affective et sexuelle à l'école, afin de casser cette réitération des violences de génération en génération" mais aussi de proposer davantage "de bracelets anti-rapprochement et de téléphone grave danger pour protéger les femmes". Sans omettre "d'améliorer la prévention".

Une "grande cause" qui, de fait, reste encore à accomplir.