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"Mains baladeuses", "Menaces de viol" : le sexisme toujours aussi fort dans le foot

Publié le Lundi 30 Octobre 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
12 photos
Une nouvelle enquête de "Ouest France", témoignages à l'appui, en dit long sur la perduration d'un fléau dans le foot : le sexisme. Cartons rouges en série.
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Le sexisme pris dans les filets.

C'est une enquête accablante que déploient Ouest France et le journaliste Grégoire Cherubini à propos d'un sujet touchy : le sexisme dans le foot.

On a beau tordre le bras aux clichés, sortir de l'éternel préjugé "beauferie à tous les étages" trop facile quand on parle du foot, valoriser le football féminin, force est de constater que tout n'est pas encore rose dans le merveilleux monde du football. Et dans celui de ses supporters...

Mais quelles formes prend ce "phénomène" ?

Plusieurs ! Comme l'indique Ouest France, témoignages à l'appui, de Paris à Strasbourg en passant par Rennes et Saint Etienne, cela va de l'implicite : les traditionnels "Mais qu'est-ce que t'y connais", "Ah ouais t'aime le foot toi ?", décochés aux amatrices du ballon rond. Autre variation qui va certainement vous stupéfier tant c'est dingue d'originalité : "Retourne en cuisine !"...

Mais des violences sexistes, il n'y a qu'un passement de jambes jusqu'aux violences sexuelles. On écoute : "J'ai entendu beaucoup de femmes ou jeunes filles qui ont senti des mains baladeuses ou des mecs se frotter à elles. En bus, lors de déplacements, dans des files d'attente pour entrer au stade...".

Et ce n'est pas tout.

"C'est un fléau !"

Supportrice des Girondins de Bordeaux depuis 27 ans, Marie révèle au journal Ouest France que maintenir cette activité passionnée implique parfois de se confronter à des agressions sexuelles, même si "beaucoup d'hommes sont correctement éduqués" : on peut l'expérimenter "lors de fortes affluences dans les tribunes" notamment. Et cela, témoigne de son côté Julie, peut aller "jusqu'à des menaces de viol".

Autres réactions dont témoignent les intervenantes ? Un supporter qui décoche "Ouah t'es trop belle toi, viens on faire connaissance... Petit oiseau, qu'est-ce que tu fais là toute seule, tu t'es perdue ?". Et une agression sexuelle : "Un homme que je connaissais pas a décidé de m'attraper la poitrine à pleines mains, avant de poser sa main sur mes fesses", détaille une supportrice, Marie. "Je lui ai dit d'arrêter mais il s'est énervé".

Le bilan de ce match littéralement nul ?

"C'est un fléau dans les stades, qui sont un reflet de la société actuelle dans laquelle le patriarcat a de beaux jours devant lui..."

Et les conséquences sont dramatiques.

"Beaucoup de supportrices ressentent à force un manque de légitimité qui les poussent à s'auto-censurer. Beaucoup n'osent pas se rendre au stade, surtout seules", observe l'enquête de "Ouest France". Certaines modifient leur tenue vestimentaire, refusent de porter un short par exemple par peur de subir les pires remarques. D'autres encore sont harcelées sur les réseaux sociaux.

Le sexisme dans le foot, un fléau qui perdure hélas autant que l'homophobie.

Dans les deux cas, le foot se fait le reflet exacerbé de notre société. Une autre problématique que déplorait largement Sos Homophobie en tirant l'alerte : "Ce sont les mêmes insultes qui sont utilisées de façon décomplexée dans les cours de récréation, où " pédé " reste l'une des plus prononcées, et sur les réseaux sociaux, caisse de résonnance de la haine anti-LGBTI. Les chants entonnés dans l'enceinte du Parc des Princes sont une manifestation de l'ancrage profond de l'homophobie dans la société française".