Pour aider l'Ukraine, les Estoniennes confectionnent des filets de camouflage

Publié le Lundi 04 Avril 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
A Oujhorod, en Ukraine, une femme tisse un filet de camouflage.
A Oujhorod, en Ukraine, une femme tisse un filet de camouflage.
En Estonie, les femmes s'organisent pour aider l'armée ukrainienne à repousser les forces russes. Notamment, en tissant des filets de camouflage à l'aide de vêtements et sous-vêtements de couleur kaki. Une initiative venue du pays en guerre et de ses civil·es.
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Dans un "atelier" monté ces dernières semaines à l'entrée des bureaux de la télé publique, des Estoniennes s'affairent à découper des bouts de tissus pour les accrocher sur des filets de pêche. Tous sont de la même teinte - vert kaki - et proviennent de dons des quatre coins du pays.

De vieux leggings, des t-shirts, des chaussettes ou même des parkas de l'armée distribuées par une organisation paramilitaire nationale, qui seront réduits à de petits morceaux pour étoffer des filets de camouflage faits main à destination de l'armée ukrainienne. Un moyen de "venir en aide aux soldats mobilisés contre l'offensive russe", précise RFI qui signe un reportage sur le sujet.

Parmi ces bénévoles, la radio a rencontré Anu, costumière et créatrice du lieu où sont confectionnés ces précieux dispositifs. Elle raconte agir par crainte que la guerre provoquée par Vladimir Poutine se déplace jusqu'au nord de l'Europe, et aussi par solidarité avec le peuple ukrainien. "Cela procure des émotions positives et permet de faire quelque chose d'utile, quand on ne peut pas donner d'argent ou que l'on n'a pas la possibilité d'accueillir des Ukrainiens. C'est aussi important pour notre santé psychologique que pour participer à l'effort de guerre", estime-t-elle.

Jusqu'ici, 100 m2 de filets sont déjà partis d'Estonie vers les zones de guerre. Et l'atelier d'Anu n'est pas le seul à en fabriquer. En Ukraine, les civil·es s'y sont attelé·es depuis l'invasion de leur territoire le 24 février.

Une initiative venue d'Ukraine

A Oujhorod, en Ukraine, une femme tisse un filet de camouflage.
A Oujhorod, en Ukraine, une femme tisse un filet de camouflage.

Dans un reportage réalisé par Slate cette fois, ce sont des Ukrainiennes de Lviv, ville située à 80 kms de la frontière polonaise et pour l'instant épargnée par les combats, qui sont interrogées alors qu'elles attachent des morceaux de textile sur des fils noués et tendus par leurs soins.

"On n'attendra pas que la guerre arrive ici pour faire quelque chose", lâche l'une d'elles, nommée Helena. Une autre plaisante : "Tous les vêtements, ce sont des habitants qui nous les donnent. Une fois on est tombé sur du Gucci et du Prada, c'étaient des filets de luxe".

A Oujhorod, cité occidentale proche de la Slovaquie, un "vaste centre humanitaire" s'est mis en place, rapporte à son tour Madame Figaro. Angelina, 18 ans, a quitté l'université de Lviv avec d'autres étudiant·es pour y "coordonner l'accueil du Classical Gymnasium, qui héberge et nourrit les personnes exilées", décrit le média. Sur place, un atelier de filets de camouflage est également organisé, lesquels seront apportés aux militaires au front, pour couvrir les chars ou les tranchées.

Déterminée, la jeune fille affirme : "Il m'était impossible de rester chez moi à ne rien faire". Et de conclure : "Mon aide me semble une goutte d'eau dans le soutien à mon pays, mais je ne pourrai pas dire plus tard que j'ai baissé les bras au moment où l'Ukraine en avait le plus besoin".