Ces Iraniennes ont été tuées parce qu'elles manifestaient : voici leur visage et leur nom

Publié le Mardi 27 Septembre 2022
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Alors que la mobilisation se poursuit en Iran, les noms de jeunes martyres sont brandis comme des symboles d'une lutte indispensable, violente, révolutionnaire. En tout, ce sont au moins 57 personnes qui auraient été tuées par les forces de l'ordre ces derniers jours.
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Cela fait plus de dix jours que les rassemblements de protestation se poursuivent en Iran. Depuis la mort de Mahsa Amini, décédée après avoir été arrêtée par les forces de l'ordre le 16 septembre dernier, les Iraniennes ont pris les rues, brûlé leur hijab et coupé leurs cheveux pour exprimer leur opposition au régime islamique et à ses lois liberticides. Mais les autorités répliquent, et la répression est meurtrière.

D'aprèsIran Human Rights, ONG basée en Norvège, le nombre de manifestant·es tué·es s'élèvent déjà à au moins 57 personnes. Des hommes et des femmes, pour beaucoup très jeunes, qui ont été abattu·es de balles dans la tête, le torse, le visage. Sur les réseaux sociaux, l'organisation non-gouvernementale a passé un appel aux internautes pour obtenir des informations sur les victimes, "afin de faire vivre leur mémoire et de dresser une liste précise de la cause de leur mort, du lieu de leur décès", note RTL .

Une initiative qu'ont également entrepris des activistes, qui s'attachent à publier les noms et les visages des manifestant·es, et notamment des femmes, véritables héroïnes de cette mobilisation révolutionnaire. Pour qu'on ne les oublie pas.

Ecrire leurs noms

Ghazaleh Chelavi avait 32 ans, rapporte la journaliste Masih Alinejad lors d'un long thread sur Twitter : elle a été tuée d'une balle dans la tête par les forces de l'ordre alors qu'elle manifestait dans la ville d'Amol.

Hananeh Kia avait 23 ans, elle a été tuée dans la ville de Nowshar.

Mehsa Mogoi avait 18 ans, elle a été assassinée à Isfahan.

Minu Majidi, 55 ans et mère de deux enfants, a été abattue dans la ville de Kermanshah.

Hadis Najafi, 20 ans, a été tuée de 6 balles dans le cou, la poitrine et le visage par la police du régime.

A leurs côtés, des hommes également. Farjad Darvishi, 23 ans, Danesh Rahnama, 25 ans, Yasin Jamalzadeh, Behnam Layeghpour ou encore Reza Shahparnia, 20 ans, dont les photos, preuve de leur existence et du combat qui les animait, ont circulé sur les réseaux sociaux.

Face à l'accumulation des témoignages, le gouvernement iranien continue pourtant à s'empêtrer dans le déni. "Des rapports des organes de surveillance ont été reçus, des témoins ont été interrogés, des vidéos ont été examinées, des avis médico-légaux ont été obtenus et il a été constaté qu'il n'y avait pas eu de coups" assénés à la jeune Mahsa Amini, a assuré à la télévision M. Vahidi, ministre de l'Intérieur.

Selon lui, le gouvernement iranien enquêterait "sur la cause de la mort de Mahsa Amini (mais) il faut attendre l'avis définitif du médecin légiste, ce qui prend du temps". En attendant, les militant·es meurent sous les mains des autorités.