





"T'es gay toi, non ?"
Karine Le Marchand est devenue un véritable "meme" sur les réseaux sociaux en raison de l'une de ses curieuses lubies : deviner la sexualité d'autrui au gré de "stories" rapidement tournées en dérision par les internautes. Avec sa fameuse punchline, lunaire à souhait : "T'es gay toi non ?", assénée sourire en coin par la célèbre animatrice de M6.
Cela n'a pas manqué non plus, sous d'autres atours naturellement, face à Jordan Bardella. Le représentant du Rassemblement National a fait face au insistances singulières de la présentatrice préférée des ruraux concernant son orientation sexuelle. C'était dans l'émission Une ambition intime... Et ça a suscité une retentissante controverse.
Pour une raison très précise, qui porte un nom : le outing. Ou coming out forcé...
Karine Le Marchand s'amuse à "titiller" Jordan Bardella.
Face aux caméras, elle confie subtilement (ou pas) : "Vous savez Jordan qu'il y a une rumeur depuis très longtemps concernant vos préférences sexuelles...". Avant d'ajouter face à l'intéressé : "Pourquoi est-ce que vous n'avez jamais répondu à cette rumeur d'homosexualité ?"
"Est-ce que vous comprenez cette espèce de fantasme ? Que les gens disent : Oui, c'est sûr, il est gay !", développe encore l'animatrice, ne faisant guère écho aux réfutations de l'homme politique d'extrême droite qui se dit "hétérosexuel" et ajoute : "Je ne vais pas dire le contraire pour faire plaisir aux gens".
L'outing est de plus en plus répandu, des tabloïds s'acharnant à révéler la moindre relation amoureuse à diverses théories des internautes jamais loin du complotisme. Jamais cette insensée nécessité de dévoiler au grand jour l'orientation sexuelle d'autrui n'éclot de la bienveillance, ou de l'importance de défendre la cause LGBTQ.
Evidence limpide que ce dernier point, qui cependant exige d'être répété.
Ce n'est pas briser le silence autour de non dits hyper conservateurs ou clamer la fierté d'être homosexuel, ou lesbienne, que de forcer quelqu'un à dire sa sexualité. D'autant plus que cela associe maladroitement orientation sexuelle et "confession", ou "aveux". Comme si l'homosexualité était quelque chose à "avouer", à "confesser" : langage particulièrement rétrograde si ce n'est tout à fait réactionnaire. Qui en ce Mois des Fiertés doit être particulièrement exclu.
En outre, le "outing" empêche les personnes concernées de décider librement de leur "coming out", qui demeure encore aujourd'hui un choix lourd à porter, dont les conséquences peuvent être dramatiques, au sein d'une société largement marquée par l'homophobie.
Que l'on soit la chanteuse féministe Angèle, qui avait été "outée" par la tristement célèbre émission Touche pas à mon poste (c'était en 2019, et l'interprète en témoigne dans son documentaire : "C'était une douche froide. Parler de ma bisexualité n'était absolument pas un problème. Je voulais seulement choisir le moment", a détaillé l'artiste), ou un homme politique d'extrême droite, ca ne passe pas.
Ce qu'assène encore le média en ligne Paint, particulièrement engagé vis à vis de la communauté LGBTQ : "Rappel: outer quelqu’un (dans ce cas forcer à faire dire a une personne qu’elle est LGBTQ) n’est pas OK, même quand il s’agit de Jordan Bardella".