Maia Mazaurette ne craint guère de cliver.
Quitte à susciter d'exacerbées réactions sur les réseaux sociaux, notamment l'espace de ses chroniques pop et acidulées sur l'intimité de tous, le lien entre patriarcat et sexualité, la virilité, et le plaisir au féminin. La journaliste sexo du Monde et de l'émission Quotidien a balancé loin du plateau de Yann Barthes une sulfureuse "hot take" : une prise de position imaginée pour diviser.
Et qui pour le coup sied tout à fait à ses convictions, celle d'une féminisme pro-sexe revendiquée. En pleine interview, dans une vidéo Instagram, elle ne mâche ainsi nullement ses mots : "Ma hot take ? C'est simple : Il faut rouvrir les maisons closes !", assène-t-elle...
C'est auprès de la journaliste Camille Lawrens que l'autrice de nombreux ouvrages sur la sexualité des femmes énonce cette tribune forcément peu fédératrice. Mais comme à son habitude, Maia Mazaurette étaye son propos, loin de simplement choquer. Sur un sujet, devine-t-on à l'évocation de cette assertion, qui divise énormément au sein de la société, oui, mais tout autant, au sein des militances féministes.
Le travail du sexe demeure depuis les années 80, et l'émergence du féminisme pro sexe outre atlantique, un énorme catalyseur à controverses.
On l'écoute ?
Maia Mazaurette tient à détailler sa réflexion, au-delà des termes volontairement provoc' qu'elle emploie...
Et souligne directement : "Je parle avant tout de maison close imaginaire ce qui est un tout autre sujet ! J'entends par maison close imaginaire : un espace intérieur à visualiser soi-même. Il faut que tu te demandes comment tu organiserais les pièces de ta maison close imaginaire, dans ta tête. Ca incite à questionner ses propres désirs comme on le fait trop rarement. Je veux dire qu'il faut se demander ce que l'on souhaite en terme de sexualité"
A écouter l'autrice, aujourd'hui, le désir est endormi, rarement bousculé, remis en question, rarement sorti de sa zone de confort. Et tout un imaginaire est mis en retrait : les individus ne s'interrogent plus sur leur désir, en solo, en couple, et sur la réciprocité nécessaire de ces désirs, et banalisent davantage une surconsommation d'images qui viennent appauvrir leur imaginaire intime. Loin de booster leur désir et plus encore, leur plaisir. Un vrai enjeu féministe s'il en est.
La journaliste va sortir un ouvrage éponyme à sa réflexion : Maison close.
Elle tient donc à cette image de la maison close, symbole s'il en est du travail du sexe. Et étaye avec un grand sourire : "Il y a une trentaine de pièces différentes et 54 protagonistes dans ma maison close à moi".
"Et si nos désirs avaient besoin d’un espace dédié, protégé, mais dans nos têtes ?", s'interroge à l'unisson l'émission de Camille Lawrenz concernant cette "safe place", semblant particulièrement s'adresser à ses auditrices, le plaisir au féminin demeurant un sujet trop négligé. "cet espace imaginaire serait comme un théâtre mental, une pièce intérieure qu’on s’autorise à ouvrir"
Plus que de "maison close", un symbole curieux qu'elle emploie, l'érudite suggère de repenser notre rapport à la sexualité, émancipé d'une logique "mécanique", pour le rendre plus inspiré, plus romanesque quelque part.
Récemment encore, sur le plateau de Quotidien cette fois-ci, la journaliste féministe avait tendu le micro aux travailleuses du sexe qui relaient leurs contenus sur les plateformes pour adultes (rien de "métaphorique" là-dedans), afin de témoigner de leur précarité, au sein d'une société qui leur accorde rarement, si ce n'est jamais une visibilité. Un sujet qui lui tient à coeur au-delà de "l'imaginaire".