cinéma
Kristen Stewart : l'échappée belle d'une affranchie
Publié le 18 mars 2015 à 21:00
Par Catherine Rochon | Rédactrice en chef
Rédactrice en chef de Terrafemina depuis fin 2014, Catherine Rochon scrute constructions et déconstructions d’un monde post-#MeToo et tend son dictaphone aux voix inspirantes d’une époque mouvante.
Enfermée pendant trop d'années dans le carcan de la franchise "Twilight", Kristen Stewart prend enfin son envol. La jeune Américaine, récemment césarisée pour "Sils Maria" d'Olivier Assayas, est à l'affiche ce 18 mars de l'émouvant "Still Alice" aux côté de Julianne Moore. Et elle n'en finit pas d'étonner. Retour sur le parcours de cette actrice incernable.
Kristen Stewart au défilé Chanel Printemps-été 2015 à Paris le 27 janvier 2015. Kristen Stewart au défilé Chanel Printemps-été 2015 à Paris le 27 janvier 2015.
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Libérée. Oui, Kristen Stewart est affranchie depuis 2012, date à laquelle la saga Twilight a définitivement pris fin. Une vraie délivrance pour la jeune actrice broyée par ce rouleau-compressseur hollywoodien. Car depuis la mise en orbite de l'adaptation au cinéma des best-sellers niaiseux contant l'amourette asexuée entre une lycéenne et un vampire, "K-Stew" envoyait des signaux assez clairs : elle n'avait pas envie d'être là. Sa mine renfrognée sur le tapis rouge des avant-premières, ses poses lasses et ses déclarations fracassantes dans la presse (comparant la célébrité à un viol par exemple) laissaient peu de place au doute.

Une attitude d'ado rebelle qui lui a rapidement valu une réputation de diva ingrate. Car c'est bien grâce à cette bluette vampirique (sans sang et sans dents pointues) que la côte de popularité de Kristen Stewart a explosé. Pourtant, la brunette n'en était pas à sa première expérience sur grand écran, loin de là.

Née dans le sérail (papa est producteur de télévision et maman scénariste), ce joli garçon manqué qui copiait le look de son grand frère Cameron, avait déjà bien roulé sa bosse. En effet, c'est la petite Kristen, âgée de 12 ans, qui jouait la fille de Jodie Foster (devenue son mentor) dans le thriller claustro Panic Room de David Fincher. On l'apercevra ensuite des films comme Into The Wild de Sean Penn. Cérébrale, introvertie, la jeune Californienne se rêve alors en égérie du cinéma indie. Mais lorsqu'elle est choisie pour incarner l'insipide Bella dans la franchise teen Twilight en 2008, elle ne recule pas. Pire, elle fonce. Se doutait-elle qu'elle deviendrait l'idole de millions d'ados biberonnés à la prose sirupeuse de la romancière Stephenie Meyer ? Que chacun de faits et gestes serait scruté ? Que sa vie privée, qu'elle protège si férocement, allait soudainement lui échapper ? Sans doute. Mais Kristen Stewart n'en est pas à une contradiction près.

Robert Pattinson et Kristen Stewart à la première de "Twilight" à Los Angles le 17 novembre 2008. © Sipa

"K-Stew" devient instantanément une cible idéale. Engoncée dans le personnage de Bella, moquée pour son jeu mono-expressif, prisonnière de sa " showmance " avec Robert Pattinson, la jeune actrice frôle l'asphyxie. Jusqu'au scandale Rupert Sanders qui finira d'asseoir son statut de "bitch". Paparazzée en 2012 par le magazine Us Weekly fricotant avec le réalisateur marié de Blanche-Neige et le chasseur, Kristen passe du statut de coqueluche des teenagers à celui de briseuse de ménage en une fraction de secondes. Face à l'ampleur de l'esclandre, elle se fendra d'un communiqué surréaliste dans lequel elle clamera son amour infini pour son Rob (alors que le duo n'avait jamais officialisé sa relation). Un cri du coeur sans doute dicté par une poignée de publicists spécialisés en gestion de crise. "Je suis profondément désolée pour le mal et l'embarras que j'ai causé à mes proches et à toutes les personnes que cela affecte. Cette indiscrétion momentanée a mis en péril la chose la plus importante de ma vie, la personne que j'aime et respecte le plus, Rob. Je l'aime, je l'aime, je suis désolée". Malaise...

La sulfureuse pécheresse disparaît alors pendant quelques mois, le temps que la tempête médiatique s'apaise. Le couple "Robsten" jouera la réconciliation histoire de servir une dernière fois de chair à marketing avant de rompre définitivement en 2013 une fois les cinq épisodes de Twilight sortis au cinéma. La page est (enfin) tournée.

Kristen Stewart a reçu un César en février 2015 pour son rôle dans Sils Maria. © Pallas Film / NFP Carole Bethuel

Libérée de son contrat, Kristen peut dès lors faire ce qu'elle veut, être qui elle veut. Et après les boulevards quadrillés, la frondeuse choisit les chemins de traverse. Mieux, elle part à contre-sens. Kristen prend son temps, explore ce nouveau champ des possibles. D'abord avec Camp X-Ray, dans lequel elle campe une jeune femme soldat américaine en poste à Guantanamo. Et c'est finalement dans les alpages d'Olivier Assayas que l'actrice inhibée va s'ébrouer et s'épanouir. Dans Sils Maria, elle se révèle magnétique et troublante en assistante hipster de Juliette Binoche, star vieillissante hantée par les fantômes du passé. Saluée par la critique au Festival de Cannes 2014, sa prestation étonnante sera couronnée d'un César de la meilleure actrice dans un second rôle cette année. Un sacré doigt d'honneur aux "haters".


Sur sa lancée, elle endosse le rôle de la fille d'une brillante professeure atteinte de la maladie d'Alzheimer dans Still Alice. Face à une Julianne Moore au sommet de son art, Kristen apparaît encore une fois juste et émouvante. Prochaine étape ? Un film avec Woody Allen. L'indomptable "K-Stew" a brisé ses chaînes. Et son parcours commence à devenir diablement passionnant. Qui l'eût cru ?

Kristen Stewart dans le film Still Alice. © Sony Pictures Releasing France
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