Mémo de Vie, le nouveau site pour conserver les preuves des violences

Publié le Mardi 24 Novembre 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Mémo de Vie, le nouveau site pour conserver les preuves des violences
Mémo de Vie, le nouveau site pour conserver les preuves des violences
Sous l'égide du gouvernement, la plateforme "Mémo de vie", créée par la fédération France Victimes, permet aux victimes de violences de conserver les preuves d'agressions subies, et une chronologie précieuse.
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Ce lundi 23 novembre, la fédération France Victimes lance le site internet Mémo de vie. Une plateforme conçue sous l'égide ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, de la ministre déléguée à l'Égalité entre les femmes et les hommes, Élisabeth Moreno, et de Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté. Celle-ci permet aux femmes victimes de violences de conserver les photos, les vidéos, les enregistrements sonores des agressions subies, et ce de façon sécurisée, confidentielle et cryptée.

"Même si ce qui est inscrit dans 'Mémo de Vie' ne constitue pas une preuve, dans une enquête ça permet de confronter le mis en cause avec des éléments", explique à l'AFP la porte-parole de la fédération Olivia Mons. Et de marteler : "Il faut garder des traces".

Comment faire ? En se rendant sur l'adresse memo-de-vie.org, puis en créant un compte et en publiant sous la forme d'un journal. Chaque jour, il est possible à la victime d'évaluer son sentiment de danger, de confier son témoignage et de stocker des documents officiels et médicaux, pour garder une chronologie des faits qui permettra notamment de prendre conscience de leur gravité. "C'est aussi une béquille mémorielle, et on sait que les traumatismes peuvent créer des troubles de la mémoire", ajoute Olivia Mons.

Une collaboration avec des victimes de violences conjugales

Un lieu digital qui centralise aussi les ressources juridiques qui informent les victimes de leurs droits et les contacts d'urgence des associations, et qui a été élaboré en collaboration avec les premières concernées, pour mieux appréhender le comportement et les besoins des utilisatrices. A l'AFP, l'une d'elles explique notamment : "Quand ça m'est arrivé, j'avais gardé des photos dans mon téléphone, mais je n'ai pas pu les garder, car il fouillait dedans et il était tombé dessus", témoigne Stéphanie, 49 ans. "Ça peut aussi aider à la prise de conscience, d'archiver et de pouvoir relire".

Cet échange entre association et victimes a également permis de mettre au point une façon de sortir rapidement du site, afin de rassurer les femmes et de les convaincre de se confier sur Mémo de vie aussi fréquemment que possible. Si nécessaire, un "bouton d'urgence" facile d'accès renvoie donc directement sur le site de Météo France.

Le gouvernement a annoncé que la plateforme serait déployée à plus grande échelle en 2021. Les associations féministes, elles, militent encore pour davantage de moyens et de subventions afin d'accompagner concrètement les femmes victimes de violences sur le terrain, de savoir les écouter, et de faciliter leur prise en charge auprès des autorités.

- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit. - En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.

- S'il s'agit d'un danger qui réclame une aide immédiate, vous devez appeler les services d'urgence en composant le 911.