Le Qatar promet d'être "tolérant" avec les supporters de foot LGBT... mais pas trop

Publié le Jeudi 02 Décembre 2021
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Mondial 2022 : le Qatar promet que les supporters LGBT seront "en sécurité" mais...
Mondial 2022 : le Qatar promet que les supporters LGBT seront "en sécurité" mais...
A quelques mois de la Coupe du monde de football 2022, le Qatar aborde la question des supporters LGBT et assure qu'iels pourront se rendre aux matches "en sécurité". A une condition toutefois : rester discret, les "démonstrations d'affection" étant désapprouvées.
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Au Qatar, qui organise en 2022 la Coupe du monde de football, l'homosexualité est illégale et punie de prison. Une législation archaïque qui a été épinglée par Josh Cavallo, international australien. Le joueur qui évolue dans la A-League, à l'Adelaïde United, a récemment fait son coming-out, puis confié au Guardian être très inquiet à l'idée de se rendre dans l'émirat si son pays devait se qualifier pour la compétition.

"J'ai lu quelque chose du genre qu'au Qatar, ils prononcent la peine de mort pour les homosexuels. C'est un truc dont j'ai très peur et je ne voudrais pas vraiment aller au Qatar pour ça", explique-t-il dans un podcast du quotidien britannique. "Ça me rend triste, car finalement, la Coupe du monde est au Qatar, et l'un des plus grands succès en tant que footballeur professionnel, c'est de représenter ton pays dans ce genre d'événements. Savoir que ça pourrait se passer dans un pays qui ne soutient pas les personnes gays et menace leur vie, ça me fait peur."

Interviewé par Amanda Davies sur CNN, patron de la Coupe du monde 2022, a de son côté assuré : "Le Qatar est un pays tolérant. C'est un pays accueillant." Et d'ajouter : "Personne n'est menacé ici, personne ne se sent en danger", mettant l'appréhension du footballeur sur le compte d'"articles de presse qui donnent au Qatar une image négative". Pour autant, "l'homosexualité n'est (toujours) pas autorisée", précise-t-il.

Devant la détermination de la journaliste, qui lui répond par les faits - la répression de la communauté LGBTQIA+ dans le pays - il esquive. "Le Qatar et la région qui l'entoure sont conservateurs", garantit le haut-dignitaire. "Nous respectons les différentes cultures et nous attendons des autres cultures qu'elles respectent la nôtre".

C'est-à-dire ? Pas de "marques publiques d'affection" qui sont "désapprouvées" sur le territoire, poursuit le dirigeant, ajoutant que cela "s'applique à tout le monde". Amanda Davies renchérit : un couple homosexuel marié au Royaume-Uni ou aux États-Unis pourra-t-il se comporter comme n'importe quel couple au Mondial ? "Ils pourront venir au Qatar en tant que fans d'une compétition de football. Ils pourront faire ce que n'importe quel autre être humain pourra faire", affirme Nasser Al Khater.

La Charente Libre rappelle en outre que la peine pour ces "marques publiques d'affection" est d'une amende assortie à sept ans d'emprisonnement. Pour les personnes de confession musulmane, la peine de mort est en vigueur.