





Une de plus.
Au Mexique, disparitions, enlèvements, tortures, séquestrations, et violences faites aux femmes, s'exacerbent : des centaines en l'espace de quelques mois seulement, des milliers au gré de ces dernières années où les mobilisations se sont multipliées au sein de la nation. Les militantes féministes s'indignent collectivement afin de briser le silence et dénoncer un fait : la normalisation effarante des féminicides.
Les victimes sont autant de figures fantomatiques ignorées, dont le sort demeure volontiers de l'ordre de l'irrésolu. Difficile d'oublier à ce titre l'assassinat de Luz Raquel Padilla, une citoyenne brûlée vive, drame qui indigne encore les féministes mexicaines. A cela, il faut cependant ajouter les "cold cases" et "évanouissements" des anonymes au détour d'une rue, d'une nuit.
Et les familles de le déplorer.
Mais également les artistes, engagées, comme cette danseuse qui, en larmes, dans un témoignage vidéo bouleversant, exprime tout son désespoir concernant le traitement de la moitié du genre humain dans son lieu de naissance : "Comment est-il envisageable de faire disparaître aussi facilement un individu ? Pourquoi est-il si facile de faire disparaître les femmes ?"...
Un témoignage qui bouleverse.
Et sensibilise intensément. La danseuse mexicaine Melissa Briones Iturriaga témoigne effectivement, la voix cassée par l'émotion, les yeux en larmes, au sein d'un documentaire nécessaire à retrouver sur ARTE, Breaking Social : "C'est si violent de se rendre compte de tout ça... De toutes ces femmes qui disparaissent chaque jour au sein de cette nation..."
Au Mexique, les chants des citoyennes donnent de la résonnance et une envergure internationale à ce fléau systématique. Et les déclarations s'exercent à alerter les ONG et associations internationales afin que cette cause ne tombe jamais dans l'oubli.
"Plus de 3000 femmes ont disparu au Mexique sur plusieurs années. Mutilées, violées, torturées parce que ce sont des femmes. Juste parce que ce sont des femmes. C’est un genocide", dénonce une internaute sur le compte Instagram de ARTE. Un cas emblématique des violences genrées, et de l'intitulé de féminicide : des femmes tuées car elles sont des femmes.
Une misogynie qui fait système.
Chaque 9 mars d'ailleurs, les Mexicaines se réunissent dans les rues afin de dénoncer "un pays sans femmes" : une expression volontairement employée pour dire la réalité tragique d'une nation qui ignore ses féminicides, et tout ce qui entoure les décès de concitoyennes - à cela faut-il encore ajouter les enlèvements et mystérieuses disparitions. Une grève nationale à l'intitulé fort : #UnDiaSinNosotras.
Les militantes féministes usent également d'une expression afin de décrire cette journée de mobilisation nationale : le Grand Evanouissement. Sur Instagram, la danseuses classique qui a eu le courage de témoigner dans ce documentaire s'exprime d'ailleurs sous la vidéo, quelques années après son interview : "C'est dommage que quatre ans après cette déclaration, je ressens toujours cette insécurité... mais je crois toujours en cette lutte et je me sens plus forte que jamais !", assène Melissa Briones Iturriaga.
"Ce problème est récurrent et très présent dans de nombreux pays d’Amérique latine", abonde une téléspectatrice s'exprimant en langue espagnole en réaction à cette vidéo. D'autres encore de tirer la sonnette d'alarme : "C'est vrai je suis chilienne francophone et je rentre tous les jours avant le coucher du soleil ... pas de sécurité."