Pour les jeunes Américaines, renoncer à faire des enfants est un choix des plus rationnels

Publié le Mardi 20 Octobre 2015
Marie Chaumière
Par Marie Chaumière Journaliste
Les héroïnes de "Girls", symboles de la génération Y
Les héroïnes de "Girls", symboles de la génération Y
Aux Etats-Unis, de plus en plus de jeunes femmes issues de la génération Y déclarent ne pas vouloir d'enfants. Un choix qui, loin de sembler farfelu, est au contraire des plus raisonnables quand on observe de près les conditions de vie des mères Américaines qui travaillent. Explications.
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Le nombre de femmes qui renoncent à devenir mères a doublé aux Etats-Unis depuis 1970, d'après les chiffres du Pew Research Center. Et cette tendance ne semble pas en passe de ralentir, comme l'explique le site Mic dans un article qui revient sur les raisons pour lesquelles les femmes délaissent la maternité.

Pour la génération Y, le fait d'avoir des enfants est en effet considéré comme un handicap majeur pour faire carrière. Et de fait, les femmes qui ont des enfants aux Etats-Unis sont encore largement moins payées que celles qui n'en ont pas, alors même qu'on sait désormais que les mères sont plus productives. L'écart s'est même creusé entre ces deux catégories au cours des dernières décennies, au point que deux chercheuses ont inventé le concept de "sanction de la maternité" outre-atlantique. Le fait que le coût des gardes d'enfants a beaucoup augmenté et est aujourd'hui exorbitant aux Etats-Unis explique en outre que de nombreuses mères finissent par renoncer à travailler pour faire des économies en gardant elles-mêmes leur progéniture, mettant ainsi carrément entre parenthèses leur carrière.

Au-delà de ces considérations économiques, les jeunes femmes d'aujourd'hui rechignent souvent à devenir mères par peur de ne pas pouvoir tout concilier, nous explique Mic. De fait, si certaines femmes, comme Sheryl Sandberg, mettent en avant leur manière de concilier vie privée et vie pro, les jeunes femmes interviewées par le site dans le cadre de son enquête déplorent le fait d'être considérées comme "étranges" à chaque fois qu'elles expriment leur refus de fonder une famille. Un choix qui leur paraît pourtant très rationnel au vu du coût que représente un enfant en termes d'argent (le coût des moyens de garde, encore une fois) mais aussi de temps.

Car la réalité c'est que les femmes travaillent de plus en plus, mais ne passent pas moins de temps avec leurs enfants, d'après les différentes recherches sur le sujet. En moyenne, les hommes jouiraient ainsi de 5 heures de plus que les femmes par semaine. Un chiffre qui montre bien que les femmes continuent à prendre plus en charge les enfants que leurs compagnons.

De manière générale, les hommes qui font des enfants sont beaucoup moins pénalisés que les femmes. Les études montrent en effet que ceux-ci bénéficient d'un "bonus de papa", c'est-à-dire que le fait de devenir pères leur réussit généralement : outre le respect qu'ils inspirent, ils sont souvent plus facilement promus et augmentés une fois papas. Une étude récente a ainsi prouvé que les femmes qui mettent sur leur CV qu'elles ont des enfants ont deux fois plus de chances d'être snobées lors d'un recrutement, alors que les hommes à l'inverse, ont plus de chances d'être contactés s'ils indiquent qu'ils ont des enfants.