Pourquoi les femmes les plus intelligentes ne veulent pas d'enfant : l'étude à côté de la plaque

Publié le Mardi 09 Juin 2015
Charlotte Arce
Par Charlotte Arce Journaliste
Journaliste en charge des rubriques Société et Work
La femme active Miranda dans la série "Sex and The City".
La femme active Miranda dans la série "Sex and The City".
Les femmes qui ont entrepris des études supérieures et sont donc "intelligentes" seraient-elles moins enclines à avoir des enfants ? C'est ce qu'affirme une étude controversée de la London School of Economics.
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Plus vous êtes intelligente, plus vous êtes susceptible de ne jamais avoir d'enfant. C'est, en substance, ce qu'affirme une étude controversée de la London School of Economics publiée en août 2013. Menée par le psychologue évolutionnaire Satoshi Kanazawa, elle établit un lien étroit entre le QI et le désir d'être mère .


Pour le professeur Kanazawa, qui a écrit un livre sur le sujet (The Intelligence Paradox : Why the Intelligent Choice Isn't Always the Smart One), il est établi que plus les femmes sont intelligentes, moins il est probable qu'elles deviennent un jour mère de famille. Étudiant les informations de la United Kingdom's National Child Development Study qu'il a recoupées avec des données sur l'économie, la sociologie ou l'éducation, le psychologue évolutionnaire a finalement établi que pour chaque tranche de 15 points de QI additionnelle, la probabilité qu'une femme ait des enfants chutait de 25%.


Or, affirme-t-il, cela est hautement problématique : les gènes déterminant la variance de l'intelligence des garçons étant transmis par leur mère, le fait que les mères intelligentes dérogent à leur destin biologique naturel aurait des conséquences désastreuses pour le quotient intellectuel national. Eh oui, comme seules les femmes ignares procréent, leurs enfants – et les garçons particulièrement – seront de moins en moins brillants.

Une étude controversée... et complètement biaisée

Évidemment, Satoshi Kanazawa n'est pas tout à fait honnête. Déjà auteur d'une publication polémique dans laquelle il soutient que les femmes noires sont "moins séduisantes que les autres", il parvient en une simple étude à culpabiliser les femmes qui décident de ne pas avoir d'enfants et à insinuer que celles qui deviennent mères sont décidément bien bêtes. Le professeur a d'ailleurs vu les résultats de ses recherches en partie discrédités par une récente étude du think tank américain Pew Research Center.


Si l'étude affirme qu'effectivement, les femmes diplômées sont moins susceptibles d'avoir des enfants que celles étant entrées tôt dans la vie active, elles sont cependant de plus en plus disposées à devenir mères. Ainsi, alors qu'en 1994, une femme sur trois (30%) âgée de 40 à 44 ans et titulaire d'un master était sans enfant, elles ne sont plus que 22% actuellement. La "baisse est particulièrement spectaculaire" chez les diplômées d'un doctorat, affirme l'institut américain, puisque 35% d'entre elles étaient sans enfants en 1994 contre 20% aujourd'hui.


Non seulement les femmes ayant poursuivi des études supérieures longues font plus souvent des enfants, mais elles en font aussi un peu plus qu'avant. D'après l'étude, 6 femmes sur 10 avec au moins un master ont aujourd'hui deux enfants ou plus contre une sur deux en 1994.
Interrogée par AFP, l'auteure du rapport Gretchen Livingston explique que "plusieurs facteurs entrent vraisemblablement en jeu", parmi lesquels le nouveau regard porté aux femmes qui veulent à la fois mener une vie professionnelle épanouie et avoir une vie de famille. "Les attitudes changent et on accepte davantage les mères qui travaillent. C'est important pour les diplômées plus susceptibles de travailler." Par ailleurs, "de plus en plus de femmes vont jusqu'au 2e ou 3e cycle d'université et le nombre des femmes mariées et diplômées a augmenté, et les femmes mariées sont plus susceptibles d'avoir des enfants que les célibataires".