Société
Procès de Mazan : "On ne dit pas aux hommes d'avoir honte d'être des hommes mais de condamner les violences", défend Caroline Fourest
Publié le 24 septembre 2024 à 14:06
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Autrice d'un livre très controversé sur #MeToo, l'autrice et essayiste Caroline Fourest s'est exprimée sur le procès de Mazan... Quitte à tenter un "Not All Men" ?
Procès de Mazan : "On ne dit pas aux hommes d'avoir honte d'être des hommes mais de condamner les violences", défend Caroline Fourest
Procès de Mazan : "On ne dit pas aux hommes d'avoir honte mais de condamner les violences", explique Caroline Fourest Autrice d'un livre très controversé sur #MeToo, l'autrice et essayiste Caroline Fourest s'est exprimée sur le procès de Mazan... Quitte à tenter un "Not All Men" ? Pour Caroline Fourest, il faut modérer les répercussions de ce procès, et le discours qu'il faut destiner à l'égard des hommes. Si cette affaire est la quintessence des violences patriarcales, l'essayiste est plutôt partisane d'une sensibilisation... Qui ne serait pas virulente.  Caroline Fourest  : "On ne dit pas aux hommes d'avoir honte mais de condamner les violences. On passe à un autre débat sur la masculinité des hommes. Le côté de "j'ai honte d'être un homme" à cause de Dominique Pelicot et de tous les accusés de ce procès, je ne sais pas à qui on s'adresse. On demande pas aux hommes d'avoir honte d'être des hommes mais d'être plus vigilants à propos des violences sexuelles !".  A ces mots, on pourra plutôt privilégier ceux de Sandrine Rousseau, toujours, sur franceinfo : "On ne pourra pas se contenter juste de cet soutien à Gisèle Pelicot, il va nous falloir interroger notre rapport entre les hommes et les femmes... ce procès n'est pas le procès d'un fait divers exceptionnel, mais le procès d'un rapport social.. Ce procès est celui de la culture du viol". 
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"Not All Men !"

Cet anglicisme, qui prend souvent la forme d'un hashtag - #NotAllMen - est employé depuis des lustres par des hommes pour minimiser les violences sexistes et sexuelles. Suggérer que "tous les hommes" ne sont pas des agresseurs, des violeurs... Un discours qui vient souvent étouffer dénonciations et accusations de victimes. 

On ne pensait pas forcément cela possible, mais cette formule est justement intervenue sur les réseaux sociaux dans le cadre d'une affaire aussi ample et glaçante que le procès des viols de Mazan...

Oui oui, des internautes ont cru bon répondre "Not all men !" face au calvaire de Gisèle Pélicot, agressée sexuellement à de multiples reprises par son mari Dominique Pelicot, lequel est accusé d’avoir drogué son épouse afin de la faire violer par une cinquantaine d’inconnus recrutés en ligne. Les viols prenaient place à son domicile, à Mazan, alors qu'elle était sous soumission chimique. Comme le synthétise Sandrine Rousseau : "Mazan est une petite ville, et il a suffi de passer une annonce pour que cent hommes se disent prêts à aller violer une femme qui était dans un état de coma... Si certains ont refusé, aucun n’a dénoncé... ".

La nausée. 

Mais pour Caroline Fourest, il faut modérer les répercussions de ce procès, et plus précisément le discours à l'égard des hommes. Si cette affaire est la quintessence des violences patriarcales, l'essayiste est plutôt partisane d'une sensibilisation... Qui ne serait pas virulente. Voire même, qui pencherait vers un "Pas tous les hommes"... A sa manière.

La journaliste, qui fait en ce moment la promo de son nouveau livre dédié au mouvement #MeToo, un ouvrage qui suscite une très forte controverse au sein des mouvements féministes, s'est exprimée à ce sujet sur France 2 : à l'écouter, il ne faut pas dire aux hommes "d'avoir honte"...

Le "Not All Men" face à l'affaire Pélicot ? Caroline Fourest s'exprime alors que son enquête fait polémique"

Sur le plateau de "En Société", Caroline Fourest s'est effectivement exprimée sur le procès des viols de Mazan : "On ne dit pas aux hommes d'avoir honte mais de condamner les violences". L'autrice poursuit sur le même ton : "On passe à un autre débat sur la masculinité des hommes. Le côté de "j'ai honte d'être un homme" à cause de Dominique Pelicot et de tous les accusés de ce procès, je ne sais pas à qui on s'adresse. On demande pas aux hommes d'avoir honte d'être des hommes mais d'être plus vigilants à propos des violences sexuelles !". 

On est donc jamais loin du "Not All Men" avec cette analyse...

Actuellement, Caroline Fourest suscite la controverse avec son dernier livre, Le Vertige MeToo : Trouver l'équilibre après la nouvelle révolution sexuelle. L'essayiste y énonce autant les avancées permises par la révolution féministe que ses "excès" selon elle, écrivant par exemple : "Des hommes et quelques femmes sont mis dans le même sac pour des accusations très différentes. Beaucoup de coupables, enfin exposés, et quelques innocents, brûlés vifs sur le bûcher médiatique. La honte a changé  de camp, mais la meute aussi". 

Une enquête "débunkée" par certains médias...Comme le site féministe Cheek Magazine. Qui décrypte : "Mensonges, erreurs et attaques personnelles : le livre de Caroline Fourest est problématique. Au prétexte de sonder les dommages collatéraux du mouvement, Caroline Fourest signe un essai anti-MeToo, truffé d’erreurs factuelles et d’arrangements avec la vérité. Caroline Fourest s’embarque notamment dans des suppositions délirantes au sujet de la comédienne et militante Adèle Haenel, qui serait aujourd’hui “manipulée” et sous “emprise”.. L’autrice qui s’affirme féministe passe son temps à minimiser la responsabilité des agresseur·euses et à déformer la réalité au prisme de son idéologie (anti-woke et réactionnaire). Gâchis de voir des questions aussi importantes et délicates traitées avec si peu de raison et d’élégance...

Aux mots de Caroline Fourest, on pourra donc plutôt privilégier ceux de Sandrine Rousseau, toujours, sur franceinfo : "On ne pourra pas se contenter juste de cet soutien à Gisèle Pelicot, il va nous falloir interroger notre rapport entre les hommes et les femmes... ce procès n'est pas le procès d'un fait divers exceptionnel, mais le procès d'un rapport social.. Ce procès est celui de la culture du viol".

La culture du viol, concept venu des recherches anglophones, est indissociable du victim blaming : c'est le fait d'accabler les victimes de viol en remettant en question leur récit, leurs actes, leur tenue, afin d'inverser le processus de culpabilité et de responsabilité que seul l'agresseur est censé ressentir... Type : "Elle l'a bien cherché". Ou : "Elle n'a pas dit non". La culture du viol, plus globalement, c'est le fait d'euphémiser les violences sexuelles et notamment le viol. 

Dans les médias, les discours, la culture, au quotidien, cette "culture" est partout... C'est aussi à cela qu'il faut "sensibiliser".

Mots clés
Société News essentielles #MeToo violences sexuelles proces Agression sexuelle Médias Viol
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