En Angleterre, on agit contre les violences faites aux travailleuses du sexe

Publié le Jeudi 06 Avril 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
9 photos
Lancer le diaporama
La ville de Middlesbrough est dans la tourmente suite à des alertes concernant une augmentation des agressions subies par des prostituées. En Angleterre, des voix s'élèvent pour dénoncer les violences faites aux travailleuses du sexe.
À lire aussi

70. C'est le nombre d'hommes qui aurait été avertis ou carrément arrêtés par la police de Cleveland, dans le Nord-est de l'Angleterre, ces quatre derniers mois. La raison ? Ils sont suspectés d'avoir commis des violences envers les travailleuses du sexe, au sein de la ville de Middlesbrough.

En tout, ce sont pas moins de 40 travailleuses du sexe, ou "TDS", qui ont été prises en considération par les forces de l'ordre, ou sont venues témoigner auprès d'elles.

Car comme l'énonce la BBC, les agents cherchent désormais à alerter, et à protéger au mieux les victimes. C'est notamment ce sur quoi insiste l'inspecteur-détective Dan Cook, déclarant auprès du média britannique : "les travailleuses du sexe sont souvent vulnérables et ciblées par des individus dangereux". Selon le policier, nombreuses sont les prostituées, notamment, à lui avoir communiqué "leurs préoccupations".

Un état des lieux alarmant selon la police.

"Chaque travailleuse du sexe a droit à la sécurité"

Alarmant, car, affirme encore la BBC, les cas de violence contre les travailleuses du sexe seraient "en augmentation" à Middlesbrough depuis le mois de janvier dernier. Tant et si bien que la police locale collabore activement avec l'association A Way Out, organisation caritative de proximité et de prévention dédiée à la protection des femmes et des individus les plus vulnérables.

Les violences que subissent les travailleuses du sexe sont multiples : harcèlement de rue, agressions sexuelles, viols, agressions physiques... Mais rares sont les occasions de les médiatiser. Or, la condition des "TDS" est comme un reflet grossissant des discriminations et violences subies par les femmes en général, grossissant puisqu'il implique un sexisme exacerbé, un mépris, une forte précarisation, une insécurité banalisé...

C'est d'ailleurs ce qu'expliquait avec éloquence du côté de Terrafemina la travailleuse du sexe et militante afroféministe Bertoulle Beaurebec, autrice d'un manifeste brûlant contre la "putophobie", Balance ton corps : "Pour la plupart des gens, être pute est inacceptable et c'est la pire insulte que l'on puisse faire à une femme. Or ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il n'y aura pas de libération des femmes sans une libération de toutes les femmes. Que l'on parle des femmes queer, racisées, ou des prostituées".

Cela, Dan Cook en semble conscient. La prévention qu'il valorise dépasse d'ailleurs le cadre du travail du sexe. A ce sujet, il déclare : "Nous voulons continuer à faire en sorte que toute personne victime d'une infraction ou d'une violence sexuelle puisse se sentir suffisamment à l'aise et en confiance pour se manifester et le signaler. Chaque travailleur du sexe a droit à la sécurité, au soutien et à la justice lorsqu'il a été victime d'un crime".

Une lutte nécessaire contre les violences sexuelles.