Culture
Rentrée littéraire 2012 : Marianne Rubinstein, « Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel »
Publié le 23 août 2012 à 09:00
Par Ide Parenty | Rédacteur
Ide Parenty, rédactrice spécialisée dans les sujets de société sur le site terrafemina.com
Dans « Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel » (Éd. Albin Michel), Marianne Rubinstein retrouve le personnage de son dernier roman. Yaël Koppman a alors 40 ans et commence le « milieu du chemin de la vie » par une rupture et la garde alternée de son petit garçon. L'histoire d'une reconstruction entre liberté, effrois et bonheur mêlés. Interview.
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Terrafemina : Comment est né ce troisième roman ?

Marianne Rubinstein : J’ai eu en tête l’image d’une femme qui s’effondre, qui vit un Hiroshima intérieur, mais qui reste en place, qui ne bouge pas. Et j’ai eu envie d’élaborer son processus de reconstruction. À quarante ans, elle sort brutalement de la logique de création familiale, et doit réfléchir à ce qui va faire sa vie. Elle va se reconstruire grâce à l’écriture de son journal. Et chaque saison aura une couleur particulière. Si l’automne est le temps de l’effondrement, dès l’hiver, elle se tourne vers les autres. C’est alors le temps du retour aux amitiés féminines avant celui de la séduction.

Tf : Dans le livre, le personnage principal, Yaël, ne cesse de demander à ses amies « C’est quoi pour toi la quarantaine ? ». Et pour vous, finalement, c’est quoi ?

M.R. : La quarantaine, pour moi, c’est un moment de calage. À la trentaine, j’étais très préoccupée par la construction, tant professionnelle que familiale. À quarante ans, je me suis posée et je me suis interrogée sur mon propre désir, sur ce qui allait être la deuxième moitié de ma vie. Au XIXe siècle, on décrivait le vieillissement des femmes à 30 ans, aujourd'hui, c’est plutôt dans la quarantaine. Bien sûr ça peut être un âge heureux, mais il y a une reconfiguration, un moment où l’on se pose pas mal de questions. C’est aussi une époque où l'on retrouve ses amitiés féminines, négligées à la trentaine par manque de temps. C’est quelque chose que j’ai constaté partout autour de moi : les liens se renouent alors que nous sommes à nouveau disponibles.

Tf : Dans votre livre, les femmes semblent plus souffrir de la quarantaine que les hommes…

M.R. : Oui, on touche du doigt un lieu commun : quand l'homme est considéré comme étant à l'apogée de sa force et de sa séduction à 40 ans, la femme, elle, est vue comme étant sur une pente déclinante. C'est une construction sociale très injuste ! Pour Yaël, il y a une vraie remise en cause de sa féminité après sa rupture. Elle va alors se poser des questions sur le désir qu'elle peut susciter, mais aussi sur celui qu’elle ressent, avant de renouer avec le sentiment amoureux.

Tf : Pourquoi avez-vous choisi d’écrire sous forme de journal ?

M.R. : C’est la forme qui convenait le mieux à l’histoire que je voulais raconter. Le journal est un accès privilégié à l’intimité de cette femme. Et c’est aussi un moyen de rendre compte explicitement du temps qui passe, essentiel dans la reconstruction. Il permet aussi de mêler des éléments de natures très différentes : par exemple, des préoccupations prosaïques, liées à l'organisation concrète de sa nouvelle vie et des questionnements plus profonds. Et puis, l’écriture est le fondement de sa reconstruction, ce journal en est la preuve.

Tf : Yaël a quelques similitudes avec vous : elle est professeur d’économie à l’université et poursuit une carrière littéraire… Le parallèle s’arrête-t-il là ?

M.R. : Il y a quelques traits autobiographiques mais mon histoire, mon entourage sont très différents. Elle est aussi plus jeune et son tempérament n’est pas le mien. J’essaie de ne pas parler à la place de mon personnage, de ne pas avoir ce travers. En revanche, j’ai réellement posé la question de la quarantaine à une dizaine d’amies. J'ai collecté et transformé leurs réponses. Et puis, je partage aussi les lectures de Yaël… La littérature est pour moi une source inépuisable de connaissance de l’autre. Elle est essentielle comme les autres le sont.

Tf : « Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel », c’est un clin d’œil à votre autre activité, celui de maître de conférences en économie ?

M.R. : Je trouve que ce titre a une certaine poésie d’abord, et puis oui, c’est un clin d’œil. C’est un adage selon lequel les cours boursiers ne peuvent pas monter indéfiniment. Et puis c’est aussi une référence au projet économico-littéraire de la narratrice.

Tf : Vous avez déjà des idées pour un prochain roman ?

M.R. : Il faut qu’un livre paraisse d’abord pour créer du vide. Des idées j’en ai, j’espère trouver le fil bientôt. Le 23 août peut-être ?

« Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel », Marianne Rubinstein, Albin Michel, 17 euros.


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