Je m'habille vegan : quelles alternatives aux manteaux ?

Publié le Mercredi 04 Novembre 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Je m'habille vegan pendant une semaine : par quoi remplacer les manteaux ?
Je m'habille vegan pendant une semaine : par quoi remplacer les manteaux ?
Novembre est le mois mondial végan. Et à cette occasion, l'association PETA nous a proposé un défi : celui de s'habiller sans aucun textile d'origine animale. Pas simple, d'où l'intérêt d'en parler. Cette semaine, on aborde les manteaux et les doudounes.
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Quand on pense à adopter un mode de vie végan, on imagine principalement qu'on devra se concentrer sur la bouffe. Changer nos habitudes carnivores pour un comportement plus éthique et respectueux des animaux. Virer la viande, le lait, les oeufs, le fromage, entre autres, pour les remplacer par les fruits, les légumes, les céréales, les oléagineux et tout ce que la Terre possède de ressources dénuées de protéines animales. Une initiative qui participerait à réduire l'impact colossal de notre consommation actuelle sur le globe et ses habitant·e·s, et aussi prévenir le risque de futures pandémies. Un choix bienvenu, donc, surtout quand on connait l'urgence de la situation.

Seulement, il existe un autre domaine qui pourrait bénéficier de quelques modifications : la mode. Eh oui, les pièces de notre garde-robe aussi, sont composées de fibres animales. Et les dégâts du prêt-à-porter sur les vaches, les moutons ou encore les chèvres, sont ravageurs. Maltraitance, torture, pollution, gaspillage, déforestation... Les élevages dédiés à l'industrie du textile pèsent lourd dans l'addition environnementale.

Pour toutes ces raisons, quand l'association de défense des droits des animaux PETA France nous a proposé de tenter l'expérience d'un mois à s'habiller végan, on a sauté sur l'occasion. Ravie de pouvoir se mettre au défi, on s'est dit que ce ne serait certainement pas si dur : on n'a pas de fourrure.

Et puis, on a fait l'inventaire de notre vestiaire. Là, la réalité nous a rattrapée. En plein mois de novembre, on a l'habitude de miser sur des manteaux bien chauds, des pulls tout doux, des bottes qui couvrent et protègent du froid. Et dans notre cas, ces pièces-là sont quasi entièrement conçues à partir de laine, de cachemire, de cuir, de mohair. D'ailleurs, celles qui indiquent "polyester" et "acrylique" sur l'étiquette sont immédiatement associées à "manque de qualité" dans notre esprit. Parfois à tort.

Puisqu'on ne pouvait décidément pas vivre nue pendant trente jours (ni exclusivement en jean, t-shirt et tongs - même nos Converse sont en daim), on a décidé de prendre le challenge autrement. Devenir végan vestimentairement parlant n'est pas donné à tout le monde, puisque dans certains cas, cela implique de refaire entièrement son dressing. Mais plutôt que d'en rester là, on a préféré faire le tour des options qui s'offrent à nous, pour quand on souhaitera remplacer des modèles qu'on a usé jusqu'à la corde.

Alors, chaque semaine, et ce pendant un mois, on étudiera une catégorie de fringues hivernales qui pose souci, et on présentera des alternatives plus en ligne avec nos convictions. Aujourd'hui, on commence avec les manteaux. Âmes sensibles, s'abstenir.

Pourquoi les manteaux posent problème ?

Pourquoi certains manteaux sont problématiques ?
Pourquoi certains manteaux sont problématiques ?

Il y a différentes sortes de manteaux, et donc différentes sortent de matériaux problématiques. Voyez plutôt :

  • Les manteaux en laine :

On ne le sait que trop peu : la laine est extrêmement polluante. Pour la créer, et surtout produire la quantité nécessaire pour satisfaire une demande toujours plus importante, il faut des moutons. Plus d'un milliard de moutons, pour être exacte, qui produisent 2 millions de tonnes de laine. Ces animaux, pour parler trivialement, expulsent des excréments qui s'infiltrent dans l'eau et les sols, mais aussi une quantité astronomique de gaz lorsqu'ils digèrent. Et libèrent environ 30 litres de méthane (qui a un impact 28 fois plus important sur le réchauffement climatique que le CO2) par jour dans l'atmosphère... chacun. On vous laisse calculer.

Ajoutez à cela la déforestation que les pâturages et l'agriculture de leur nourriture implique, et la maltraitance terrible que vivent les bêtes sur laquelle PETA a longuement enquêté, et le bilan est vite dramatique.

  • Les doudounes :

Qui dit doudoune dit duvet, et donc plumes. Là encore, visualiser les conditions dans lesquelles sont exploités les animaux sont difficilement soutenables. Pour preuve, un rapport qui montre qu'en Chine (d'où provient 80 % du duvet et des plumes utilisés dans le monde) des employés de l'industrie du duvet laissaient des poussins, oies et canards "agoniser lentement", alerte PETA. "Des oiseaux morts pourrissaient dans des caisses et des bassins ou entassés à l'extérieur comme des déchets". Terrible.

  • Les manteaux (ou les capuches de manteau) en fourrure :

Plus tristement célèbre pour les souffrances qu'elle engendre, la fourrure reste un commerce fructueux malgré les initiatives de grandes marques de s'en séparer, et une prise de conscience collective de ne plus s'en procurer, ni d'en produire (en France, les fermes de vison sont vouées à fermer d'ici cinq ans, mais pas l'importation). Quelques éléments clés qui donnent le ton : les animaux dont la fourrure est prisée sont élevés dans des conditions insalubres, gardés dans des cages étroites qui les rendent malades, puis abattus (ou non) avant d'être dépecés.

Côté environnement, les défections des visons, par exemple, contiennent du phosphore et finissent dans les cours d'eau locaux, où ils génèrent des émissions d'oxyde d'azote et d'ammoniac. L'utilisation abondante de substances toxiques pour le traitement de la fourrure est également catastrophique - tant pour la planète que pour l'humain. Une étude a d'ailleurs montré que plusieurs de ces produits chimiques, le formaldéhyde et les éthoxylates, s'avéraient potentiellement cancérigènes pour les consommateur·rice·s.

Alors, que faire ?

Par quoi les remplacer ?

Comment acheter plus éthique ?
Comment acheter plus éthique ?

Maintenant qu'on listé (une partie) des (très) mauvaises nouvelles, et qu'on se retrouve avec un (gros) sentiment de culpabilité dès qu'on ouvre notre placard plein de cabans pure laine et autres vestes de ski duvetées, place aux solutions.

Avant toute chose, on ne jette pas : ce ne serait que participer à un gaspillage nocif. A la rigueur, si on veut s'en séparer, on donne, histoire de recycler. Non, l'idéal, c'est de porter chacun de ses vêtements un maximum, pour en acheter le moins possible, donc produire moins et en tout cas ne plus, à son échelle, participer à une surconsommation néfaste.

Quand vient le temps de se ré-équiper, on peut envisager les options plus éthiques. La seconde main reste optimale, mais il existe aussi des textiles moins destructeurs que les matières énumérées plus haut. Et surtout, des marques qui les utilisent exclusivement.

  • Les manteaux en fibres synthétiques et végétales

Le terme "synthétique" vous file de l'urticaire ? Sachez alors que, "même lorsque les consommateurs achètent des vêtements en plastique ou en matières synthétiques, l'impact sur notre planète reste inférieur à celui d'un achat d'article en laine", précise PETA. D'ailleurs, selon le rapport de Pulse of the Fashion Industry, les émissions de gaz à effet de serre qu'engendre la production de laine sont nettement supérieures à celles générées par la production d'acrylique, de nylon, de viscose et de nombreux autres matériaux synthétiques.

On fait donc le choix de matières type polyester (recyclé de préférence), coton ou chanvre, en shoppant les manteaux chic de Magnethik pour du Made in France, de Hoodlamb by Hemp pour des parkas garanties vegan, élégantes et efficaces contre le froid ou encore les doudounes Save the Duck, dont la technologie brevetée remplace les plumes de canards.

  • Les manteaux en fausse fourrure

Si on tient vraiment à se balader en imitation fourrure, le faux-fur (polluant mais dix fois mois que la vraie selon une étude néerlandaise, et surtout assuré cruelty-free) peut aussi faire l'affaire. A ce compte, on mise sur des marques made in France comme La Seine et Moi, qui a gagné le PETA Award pour ses créations luxueuses, ou encore Aline, dont la fausse fourrure est fabriquée en France ou en Angleterre, et le manteau assemblé à la main dans son atelier lillois.

Il n'y a plus qu'à se rhabiller pour l'hiver. Et attendre la semaine prochaine pour savoir dans quels pulls investir.