Pourquoi il ne faut surtout pas utiliser de tampons en crochet

Publié le Lundi 27 Janvier 2020
Pauline Machado
Par Pauline Machado Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Pourquoi il ne faut surtout pas utiliser de tampons en crochet
Pourquoi il ne faut surtout pas utiliser de tampons en crochet
Si l'étiquette "fait maison" attire, ces protections périodiques sont fortement déconseillées par les gynécologues. Voici pourquoi.
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L'idée semble complètement saugrenue et pourtant, plusieurs femmes ont déjà succombé aux tampons maison réalisés... en crochet. Vendus en ligne sur le site Etsy notamment, le produit est quasiment identiques aux protections périodiques que l'on trouve dans le commerce - à quelques différences près. La première : il est réalisé en crochet plutôt que dans un mélange de coton, et la deuxième : il n'est absolument pas approuvé par les autorités sanitaires.

Et c'est cette dernière information qui a fait bondir Jenifer Gunter, gynécologue, fervente combattante contre le mansplaining et autrice de The Vagina Bible. Car le risque encouru n'est pas anodin. "Les tampons en crochet ne sont absolument pas testés", dénonce-t-elle dans les colonnes de Forbes. "Nous n'avons aucune idée de la manière dont ils peuvent affecter la production de bactéries associées au syndrome de choc toxique, et aucune idée de comment les nettoyer de manière appropriée".

Tampons en crochet vendus par Lady Garden Crochet sur Etsy
Tampons en crochet vendus par Lady Garden Crochet sur Etsy

Le choc toxique, une réaction fatale

Pour rappel, le syndrome du choc toxique (SCT) est causé par des toxines produites par la bactérie du staphylocoque doré, présente chez 30 à 40 % de la population, et par la TSST-1. Inoffensives dans la plupart des cas, elles peuvent se déployer et devenir dangereuses lorsqu'en contact avec une protection placée depuis trop longtemps dans le vagin (tampon ou coupe menstruelle). D'où le besoin essentiel d'en changer régulièrement, et de ne jamais la garder plus longtemps que 8 heures d'affilée. Et si les cas demeurent jusque-là rares, ils ne sont pas inexistants. En Belgique, une adolescente est morte en début d'année à cause d'un tampon. En France, une femme a été amputée des suites d'un choc toxique lié à une cup.

Pour ce qui est du tampon en crochet, aucun cas n'a encore été rapporté. Mais Dre Jennifer Gunter assure que "ce n'est pas un signe de sécurité. C'est juste un signe qu'ils sont peu utilisés".

Alors, quelle protection choisir pour minimiser le danger ?

"Les serviettes en tissu lavable sont sûres, à condition qu'elles soient absorbantes et ne gardent pas l'humidité contre la peau", indique-t-elle. "Elles sont fabriquées dans un tissu identique ou similaire à celui des couches lavables en tissu. Les cups menstruelles - généralement en silicone, en élastomère thermoplastique ou en latex - sont une autre option sûre, bien que, comme les tampons, il y ait un petit risque de syndrome de choc toxique". Les culottes menstruelles offrent également une alternative pratique, écolo et respectueuse de notre intimité. Mais quelque soit votre choix, il demeure primordial de miser sur des produits qui ont été testés par le corps médical. Et surtout de rester loin des options "faites maison", par des inconnu·es et à l'aide de matériaux non-adaptés.